Ce jour-là, Bunny ...
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Ce jour-là, Bunny ...
Lorsque le divin Shakespeare fait raconter par une femme du petit peuple de Londres les derniers moments du génial et inénarrable Falstaff, cela se fait en ces termes : « A’ babbled of green fields, of cabbages and kings … ». Modestement quand j’en serai à cet instant de ma propre vie, j’aimerais qu’une plume aussi avisée ajoute simplement « … of rabbits and rock wool. » Il me reste donc à tenter d’éclairer cette humble demande.
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Une journée comme toutes les autres, au temps où vivre semble clair et lumineux, où tout n’est qu’annonce (un jour tu seras consul de Grande-Bretagne, tu verras tu auras de beaux enfants, …). Ajoutez-y un peu de ce début d’été où les jours s’allongent, où l’on rentre par la plage, de préférence aux commerces qui font un refuge l’hiver en fin d’après-midi. La plage ? J’ai bien dit ; songez que nous sommes sur l’une des îles anglo-normandes, c’est là que je séjourne au terme de mon année scolaire, soit d’avril à fin-juillet par autorisation spéciale du proviseur de mon lycée en France. Lever 6h, assembly 7h30, premier cours 8h15, étude 11h45, repas 12h15, reprise des cours 13h30 ; activités (art et sport) : 15h. Je précise que je ne suis pas interne mais logé chez deux professeurs d’art (Robert et Mary Wilkins) pour partager leur vie de famille, avec leurs trois jeunes enfants (dont l'aînée est inscrite au College): Jane, Timothy et Bunny.
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La rencontre se jouait sur un rythme très rapide, mais malgré les deux arrières de l’équipe adverse qui me prenaient en tenaille, au-delà des filets du but vers lequel je courais, au-delà de la haie déjà fournie qui délimitait la zone dédiée aux sports collectifs, je voyais la masse grisonnante et néo-gothique du Victoria College — j’eus même un quart de seconde pour entrevoir un adulte portant veston qui venait dans notre direction moitié joggant, moitié gesticulant. Il faut dire que d’habitude, je retrouvais vers dix-sept heures sur le parking le professeur (petit ?, mince ?, moustachu ?, chapeau melon ?) chargé de me reconduire à The Rose of Anne Port, la maison de ma famille d’accueil, mais en cet après-midi que rien jusque-là ne distinguait des autres, je le vis s’extraire des feuillages de la haie entourant le terrain de football, puis s’approcher à pas rapides, fouillant du regard les deux équipes, sans doute pour m’identifier. Pour une fois j’étais en mesure de marquer le but décisif …
Mais là, comme pour Keaton et Chaplin, on est passé du muet au parlant, et tout d’un coup j’entends « Michel ! We’ve got to hurry. Pick up your things ! We’re going. » Aussitôt dit, aussitôt fait, me voilà dans sa voiture, où j’apprends que je vais rester chez ledit collègue (ni petit, ni moustachu) jusqu’au retour de « ma » famille, empêchée de revenir au domicile.
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Comme n’importe quel cours d’eau, un récit transporte en surface les mots qui de la source à l’aval, feront peu à peu l’histoire, mais hors-lumière, un autre sens se tient là et tarde parfois à se révéler. En ce temps-là je ne savais rien de ce que j’allais apprendre, ni même de ce qui aurait de l’importance pour moi, je ne connaissais pas Girl Talk, ni Aden Arabie, ni le cinémascope, ni de quelle haine les hommes sont capables … Je ne savais pas non plus pour quelle raison ‘ma’ famille provisoire avait déserté le nid.
Lorsqu’après un long début de soirée Robert finit par arriver, je l’entendis échanger à voix basse avec M. et Mme Lehmann, l’air plus que soucieux, et après avoir pris une bonne inspiration, il tenta un sourire à mon intention, et dit : « Shall we go, young man ? » Je hochai la tête, regardai une dernière fois l’interminable bibliothèque de chêne de M. Lehmann et je remerciai chaleureusement mes deux anges-gardiens, qui m’assurèrent que je serais le bienvenu dès que je le souhaiterais.
Robert ouvrit la porte de la petite Austin A 40, et je pris place à ses côtés. Il me demanda de l’excuser pour cette soirée imprévue, et je l’assurai que j’étais ravi d’avoir été reçu chez son collègue. Il me confia que M. Lehmann et son épouse avaient eu un fils qui était mort pendant la bataille de France quinze ans plus tôt, et que depuis ils n’avaient jamais pu ouvrir leur porte à aucun de leurs élèves.
Il me confia également la raison de l’improvisation de cette soirée-là ; ils avaient déserté The Rose pour se rendre à l’hôpital. Ce fut un choc ; y avait-il eu un accident ? « Non, me dit-il, mais Bunny s’est roulé dans la laine de verre, ç’aurait pu être très grave. » En effet, les composants de ce matériau, tout nouveau à l’époque, incluent de minuscules morceaux de verre, qui s‘infiltrent dans la peau si tendre d’un enfant d’à peine trois ans. Or le petit Bunny avait profité de l’inattention de sa maman pour pousser la porte de sa chambre et s’approcher du chantier où le reste des combles était en cours d’aménagement; la laine de verre déroulée lui parut ressembler fortement à une jolie et brillante couverture, sur laquelle il se jeta alors que sa maman venait de le débarrasser de son pyjama. Il ressentit sur tout le corps ce que doit éprouver quelqu’un qui marche jambes nues dans des orties géantes, et ses cris, ses pleurs, alertèrent la maisonnée. Il avait eu plusieurs heures de soins spéciaux en clinique pour éliminer toutes les particules irritantes.
Bunny …, deux ans et demi, un superbe petit ange blond, respirait et inspirait l’amour. Pour moi qui n’étais encore que le petit brun d’Agamy-plage (al-ʾiskandariyya), il était l’enfance de la beauté, non de la Beauté qui rend aveugle, ou fou, ou mort, celle qui vous enchante à la manière des fées, non, simplement la beauté plus qu’humaine. Et sa façon de découvrir sa langue maternelle, de toujours vouloir parler même lorsqu’il ne savait dire — merveille, « a moffer won » pour « another one » ! Qui savait ce qu’il adviendrait de son talent ? Serait-il un jour celui de nous tous qui aurait fait le plus grand écart entre l’impuissance du premier jour et l’aboutissement de patientes recherches au service de la science.
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Soit dit en passant, il y avait sur l’île un site appelé Egypt Woods, mais il ne me fut jamais donné de le voir, nous avions tant à découvrir les uns et les autres. Bref, le lendemain, j’étais dans ma chambre, à ma table, occupé à donner à ma famille de France quelques nouvelles de mon séjour chez les Wilkins, dans un silence cathédral que même le ronflement du chat sur mon lit laissait intact, et je sentis une main, petite mais adulte, se poser doucement sur mon épaule :
« Ton lettre est très bienne
— I hope so ». Par le chien-assis, les rayons du soleil illuminaient sa présence tout en m’aveuglant, je n’avais pour y poser les yeux que la lettre à ma mère et le bois de la table. De trois-quarts, penchée sur mon courrier, mais se reprochant déjà ce début d’indiscrétion, elle demanda :
« Vous savez comment le post it ?
— Sure ! I’ve already done so. » Et dans la jolie lumière matinale de ce début d’été, je vis la fine silhouette de Mary se dessiner dans la porte et s’apprêter à descendre l’escalier. Je réussis à lancer un « How’s Bunny to-day ?
— Cela est fini maintenant, tout va si bien ! » Quelques marches plus bas, elle ajouta :
« Dinner will soon be ready
— Yes, Mum.
— Did you say ‘Mum’ ?! » Ne rien dire. Trop fine pour être Aphrodite, avec sa chevelure brune et sa petite taille, elle serait plutôt Korê, et moi je pensais tout devoir à Œdipe.
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« N’es-tu pas trop fatigué de ta journée ? Nous devons repartir voir une pièce de Shakespeare montée par d’anciens élèves …» ; assis auprès de Jane et Timothy entourés de leurs camarades, je découvris ainsi les Joyeuses commères. Quinze jours plus tard ce fut Henry V. Je ne savais pas que ce monsieur Shakespeare écrivait des pièces à jouer dans des parcs, mais ce fut un bonheur. Pour moi, le théâtre, c’était quand mon père créait des « pièces d’aujourd’hui ». Tantôt c’était à la radio que je l’entendais tonner et séduire, tantôt il participait au lancement de jeunes auteurs (Jean Sarment, Aymé, Cocteau) dans des mises en scène d’amateurs, souvent il me parlait en riant d’un certain Bobosse d’André Roussin. Un ami qui travaillait chaque semaine jusqu’au mercredi dans les bureaux de la NRF-Gallimard rendit visite à mes parents, un soir, porteur d’une question — inoubliable pour le gamin que j’étais — : « Fred, veux-tu être Dieu le Père ? » Et cette année-là, tous les samedis soirs au village dans la forêt, une crèche vivante rejouait la nativité ; il y avait toujours un moment où, sans le voir, on entendait Fred, mon père, de sa voix grave et claire, lui aussi en pleine gloire, donner son fils au monde et faire de nous le sel de la terre.
Nichée au cœur du parc mais suffisamment éloignée des entrées pour amortir les rumeurs de la ville, la scène faite de simples praticables en bois était surmontée d’un joli décor qui figurait une rue pavée, deux ou trois maisons par les fenêtres desquelles les acteurs ne pouvaient passer que la tête, et un lointain figurant le pont levis d’un château. Les acteurs étaient merveilleux de présence et d’ardeur, et le public, certes bon enfant mais très attentif, avait à cœur d’encourager la jeune troupe afin que tant d’efforts soient couronnés de succès. La lumière naturelle et les rires spontanés des spectateurs faisaient oublier le décalage des deux époques ; si je trouvais la soirée un peu fraîche, j’étais aussi émerveillé que mes voisins et camarades. À l’entracte, quelques professeurs évoquaient leurs souvenirs, heureux de voir les valeureux anciens s’engager dans la voie du travail artistique. Le hasard me fit croiser M. Lehmann, à qui je renouvelai mes remerciements pour son accueil improvisé. Il avait remarqué l’élève avec qui je discutais avant de venir le saluer. « Ah ! C’est lui le petit jeune homme dont tu m’as parlé ; c’est bien que vous ayez sympathisé, il est un peu perdu car il est pensionnaire à l’année, son père est en poste à Aden …
— Oui, il m’en a parlé; sa vie de famille est un peu triste, non ?
— Il est vrai, nous britanniques avons une importante base militaire là-bas, mais ce pauvre Andrew ne pourrait pas poursuivre ses études là-bas.
— Depuis qu’il sait que je suis venu d’Alexandrie, j’ai remarqué qu’il m’a toujours recherché, comme si j’étais porteur de quelque message d’Orient, mais je ne suis pourtant que moi, non ?
— Disons que vous êtes devenus les joyeux compères de Saint Hélier ! Cependant fais attention à Hill, il n’est pas fin.
— Cela aussi, je l’ai remarqué ; il me dit toujours « Have you been to Tataouine ?»
En fait, j’étais bien allé à Foum Tataouine, c’est même là que notre voiture avait été mitraillée — une embuscade dont nous étions sortis miraculeusement indemnes — ce diable de Randolph Hill pouvait-il le savoir ?
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En fait, qu’est-ce que je raconte, au juste ? — Une histoire, toujours la même depuis la nuit des temps, par exemple celle du petit Héraklès et de sa future tunique de feu. Là, si Bunny ne s’était pas roulé dans la laine de verre, je ne serais jamais allé chez M. et Mme Lehmann. Je n’aurais jamais eu l’occasion de l’entendre commenter la fusion tardive mais profonde de la latinité et du monde britannique ; ni de le rassurer sur la loyauté de la jeunesse à l’égard des combats de la génération antérieure. Que ne donnerait-on pas pour revivre de tels moments ? Passée la porte de The Rose, Jane était adorable de vivacité et de gentillesse, elle ignorait tout de la mauvaise humeur, même si elle restait muette longtemps après son réveil matinal. Timothy, son frère cadet, était un vrai compagnon de jeu, mais s’exprimait peu en dehors de ces moments choisis, une forme de timidité sans doute due à mes quelques années de plus alors que lui terminait son école primaire.
Ce qui se jouait au College était d’un tout autre ordre ; là, il n’était plus question d’amitié, mais d’une rivalité latente dans tous les domaines, du sport à la grammaire. Quand M. Lehmann disait qu’il était stupéfait de mon aisance avec les textes latins, je sentais monter autour de moi un désir de révolte ; mais quand le professeur de littérature, ou pire, celui des Mathématiques et Sciences Physiques, répétait la question à laquelle je n’avais su répondre, c’est au contraire un vrai soulagement que je percevais dans la classe. Avec le temps, mes pairs eurent plusieurs occasions de constater mon intérêt sincère pour la période de l’occupation allemande, qui avait été terrible sur l’île, j’avais été visiblement traumatisé par la sortie scolaire sur le site de l’Underground Hospital; et de ce moment, la tension des débuts finit par s’estomper. Les petites méchancetés pour le Frenchy se firent plus rares, et je commençais même à entendre quelques supporters autour du terrain de football.
Pendant les cours, je sentais qu’ils observaient ma façon de connaître ; quant à moi, je m’inclinais devant le sens de la discipline, le respect qu’ils se manifestaient côte à côte, professeurs et élèves, devant l’institution. En France pour quelques années encore, nous respections le maître ou la personne, nous ne nous posions jamais la question de l’institution.
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Quelques décennies plus tard, tandis que, loin du Channel, je me promenais sur les quais d’un petit port de pêche à la pointe de la Bretagne, le hasard fit que ces quelques mois anglo-normands me revinrent en mémoire. Puis tout d’un coup je remarquai un morceau de papier blanc qui sortit d’une poubelle publique et voletait sur les pavés humides. Je finis par ramasser la feuille pour la remettre dans le bac le plus proche et je vis qu’elle portait un message, c’était un brouillon de lettre, les diverses râtures et les mots incomplets en étaient la preuve. Il était écrit en anglais :
It took me long to understand I had fallen in love, not with your wife, but with the two of you, not as ‘lovers’ but as images of my first encounter with my foster parents. Same charm, same kindness, unequalled, with goodness as the sole magnetic pole. I tried … [illisible] … and [?] … tried to eliminate the desire, I had to resign myself, no one wanted want sex, never, I wanted to re-enact that first day, that day of days.**
Cette lecture eut l’effet d’un choc. Je ne parvenais pas à me concentrer sur autre chose. Même la beauté du lieu m’était indifférente. Je me doutais qu’une personne, au moins, avait souffert sans comprendre, trois peut-être ? Je n’étais en rien concerné, alors pourquoi fallait-il que je revienne sans cesse à cette lecture offerte par le plus pur des hasards ? J’étais comme assiégé de questions, sans parvenir à trouver quelle région le drame évoqué touchait en moi. Il arrive parfois que des savoirs fortuits se mêlent à nos existences, se mêlent de nos existences, leur donnent un sens inattendu et réveillent des impérissables dormants.
Je compte parmi mes amis un vénérable lama qui quitte régulièrement le Tibet pour quelques conférences en France. Lors de son dernier passage en Europe, il me tardait d’entendre son avis sur tout cela ; il lut et relut le message et me suggéra d’en oublier le sens littéral. La traduction qu’il me proposa était d’une tout autre teneur : « Tu as vécu ta seconde naissance — la plupart des humains en vivent plusieurs —, et dans cette nativité il y a toujours un autre père, une autre mère, de multiples bergers et l’évident cortège des anges. Certes l’homme fait société partout où il se trouve mais il n’est que rarement conscient de ces nativités de bienveillance. » Et il ajouta en forme de commentaire : elles sont pourtant notre bien le plus précieux … même si tant d’autres moments sont dédiés à la violence du sacré … à Rémus que tua Romulus … aux viols et aux déportations.
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Je pensais qu'il me faudrait me concilier l'avenir (celui d'un consul ou d'un père). Je sais maintenant qu'il est plus facile de se réconcilier avec son passé. Le monde entier reste sans attaches, celles qui existent sont celles que l’on se donne. Elles sont, je l’avais compris dès mon passage dans l’île, d’une fragilité extrême, ces liens ne sont pas équivalents en poids ni en valeur. Une affection peut être immense et ne rien valoir en retour, une amitié peut être égale un temps, et s’avilir dans une main, s’enchérir dans une autre. De quoi le monde est fait ... De ces souvenirs que l’on égrène, chacun condense une vie entière (loin d’être l’instant d’exception à quoi souvent on le réduit) comme dans ces tableaux des maîtres d’autrefois où l’angle d’un miroir, la lentille d’une pendule porte le reflet d’une famille entière, d’une époque et son monde.
Bunny partit pour la sombre Angleterre onze mois plus tard pour n‘en plus revenir ; avec lui, Timmy, Jane, Robert, Mary disparurent dans les brumes du Cornwall. Le courage m’a manqué à l’entrée de la rue où je m’étais imaginé qu’ils habitaient désormais.
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Jerome Smith-Collier (août 2022)
jer_smith-collier.auteur@laposte.net
Source: photo #1: Man vyi https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Victoria_College_Jersey_from_Fort_Regent.jpg
#2: Mike Bisson: https://www.theislandwiki.org/index.php/File:Anneport0906.jpg#filelinks
**[Traduction du message] Il m’a fallu du temps pour comprendre que j’étais tombé amoureux non de ta femme mais de vous deux, et je ne vous voyais pas comme amants, mais comme des images de ma première rencontre avec mes parents d’adoption. Le même charme, la même gentillesse, inégalée, la bonté comme unique pôle magnétique. J’ai essayé … [illisible] … [?] … tant bien que mal d’éliminer la part du désir, j’ai dû me résigner, de toute façon il n’a jamais été question d’amour physique, tout ce que je voulais, c’était revivre ce premier jour, ce jour si particulier. |