Août - 2
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Août - 2
Au bout de dix minutes, un grand bus se gara juste à côté. Et une cohorte compacte et peu disciplinée pénétra dans le car. En deux minutes, toutes les places étaient prises, des gens étaient debout au milieu de l’allée et à certains endroits, les femmes tenaient leurs enfants sur leurs genoux, si bien qu’on avait quatre personnes pour deux sièges. Le chauffeur ferma les portes, fit une annonce à voix forte et démarra. C’est ainsi qu’au bout de deux heures de routes serpentines et d’arrêts fréquents, Isidore mit le pied à Aley, terminus, tout le monde descend. Tout le trajet avait été à la fois pénible et magnifique : la chaleur étouffante était rapidement devenue suffocante, agressive, pernicieuse, mais les paysages défilaient comme dans un documentaire Géo. Ils étaient arrivés en bas de la ville où quelques chauffeurs taxis goguenards attendaient à l’ombre de hauts arbres qu’Isidore ne connaissait pas. Il avait noté l’adresse sur un papier, bien plié dans sa poche. Il l’avait notée en français, en anglais et en arabe, au cas où. Cette précaution ne fut pas inutile car les chauffeurs baragouinaient un peu d’anglais et absolument pas un mot de français. Ils connaissaient tous l’hôtel Lebanon South Suite Aley, dans la vieille ville, sur les hauteurs de la colline. Vingt minutes de trajet, en comptant les embouteillages. 10 000 LBP*. Confortablement installé dans ce taxi qu’il prit seul, car personne n’allait dans sa direction, Isidore pensa à ce qu’il était en train de faire. Plus il approchait de son but, plus il se reprochait ce voyage et cette aventure. Que cherchait-il ici ? Amal était morte. La maison serait sans doute vide. Tout ceci était inutile. Il ne pensait qu’à une bonne douche dans sa chambre d’hôtel et réfléchir à la marche à suivre. Il pourrait bien se repérer dans la ville et retrouver la maison des Tannoukhi. Grâce à Google map, il avait pu la localiser et avait imprimé l’itinéraire entre son hôtel et la maison. 400 mètres de marche d’après Google.
Il était déjà près de 19h lorsqu’il gagna sa chambre. L’hôtel ne payait pas de mine de l’extérieur mais à l’intérieur, c’était très confortable et sa chambre possédait un petit balcon qui dominait toute la vallée et qui lui permettait de voir au loin un liséré de mer. C’était très beau et l’air était respirable ici. Il eut même un peu froid, en contraste avec son trajet en bus de l’après-midi.
Au fond de lui, Isidore savait pourquoi il était là. Ce n’était pas tant pour voir sa fille que pour s’assurer que les propos de cet Hicham Hakim étaient vrais. Il lui fallait vérifier qu’Amal était morte. Il espérait bien le contraire. Le doute s’était inscrit dans sa tête peu après le retour de Lisbonne, lorsqu’il avait relu la lettre d’Amal. Il ne se souvenait pas de son écriture mais il était possible qu’Hicham l’ait contrefaite. Il était tout à fait possible que ce mari, jaloux, apprenant l’existence d’Isidore, décide de venir à Paris pour mettre un terme à cette relation passée. Mais cela paraissait fichtrement tordu. Isidore n’avait donc que peu d’espoir de revoir Amal. Tout cela avait malgré tout gâché ces dernières semaines et il s’était montré d’une rare goujaterie envers Véronique qui décida de prendre des vacances avec une amie sur une île grecque dont Isidore avait oublié le nom. Corfou peut-être bien. Il était urgent de tirer au clair cette vieille histoire libanaise. Il n’était que trop temps, d’ailleurs. Vingt ans à éviter de venir et alors que tout est fini, le voilà ! Isidore avait vraisemblablement un problème de timing.
Note
*La livre libanaise à l'époque n'était pas si dévaluée. 10 000 LBP valait environ 5€.