La présence de ton absence
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La présence de ton absence
Tu te rappelles de cette soirée ? C’était avant tout ça. Avant que les banalités ne deviennent des souvenirs mélancoliques. Toi et moi étions assis dans cette petite cabane qu’on aimait tant. Notre « monde à part » comme on l’appelait. Je me souviens, on avait cherché pendant des heures dans des encyclopédies après un nom original à lui donner à cette cabane. Et pour finir, on avait fait dans l’ordinaire, comme toujours.
Ce havre de paix classique où l’on passait des heures à faire des choses anodines était pourtant notre monde à nous deux. Les choses qu’on y faisaient étaient ordinaires mais on les vivaient de manière unique. On avait pas besoin d’aller en boîte de nuit pour danser sur la musique, on le faisait très bien là. C’était pas nécessaire d’aller se perdre au fond de la forêt pour nous évader ; cet endroit était notre monde d’évasion, loin des autres, loin de la civilisation : notre monde.
Nous y étions très heureux et pensions que ça durerait éternellement. « Tu te trompes » aurais-je dû me dire, comme je le faisait souvent. Mais pour ça au moins, j’étais certain d’être dans le bon, hélas…
Aujourd’hui, je regarde cette cabane de l’extérieur, conscient que ce n’est plus notre « monde à part » mais mon seul lieu de vie. Tu as disparue voilà déjà longtemps, emportée par la mort qui m’attend sûrement au tournant. Je suis le seul survivant de ce monde à part qu’on avait construit. En passant le seuil de la porte, je ne ressens plus cette impression d’évasion qu’on ressentait alors ; seul un sentiment d’oppression et de solitude m’envahis.
Je me pose sur ce divan où nous avant passé tant de temps l’un contre l’autre, l’un sur l’autre, les yeux dans les yeux. Ce divan où nous nous sommes aimés tant et tant de fois. Mais sans toi, il n’est qu’un vieux divan décrépis où je suis forcé de dormir, n’ayant plus d’autre endroit pour ça.
Je balaye la seule pièce du regard. Tout est tristounet, délabré, sans vie et déprimant. Pourtant, ta seule présence suffisait à la rendre magnifique et pleine de vie.
Je me sens alors faillir. Seul dans ce monde sans âme, ta présence ayant définitivement disparue, je suis perdu. Je pleure alors sur ma situation, sur ma solitude, mais surtout, je pleure sur tout ce que j’ai perdu le jour où la vie a quitté ton regard plein d’amour.
Je me couche alors et m’endort dans un sommeil sans rêve. Demain sera un autre jour sans toi, et un autre jour où je devrais survivre dans la guerre perpétuelle qui dévaste ce monde…
- Al De Leerey