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Karnevalskuss

Karnevalskuss

Veröffentlicht am 16, Mai, 2024 Aktualisiert am 16, Mai, 2024 Romance
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Karnevalskuss

                                                                                                   Un soupçon de 1890 aux allures de Cologne

 

 

Lettrine B majuscule




eurk !!!

Ce n’est pas le froid qui lui fit remonter si vite l’allée. La neige départageait les pelouses du Volksgarten, épargnant à peine derrière Augusta le lieu de l’infamie ; le petit pavillon ouvert avait beau dominer un parterre immaculé, il ne pourrait plus faire office de scène romantique pour elle …

Et certainement pas avec cet individu, d’une balourdise …
  malgré sa baronnie.
Ce qui lui rappela de s’essuyer la bouche avec son mouchoir coincé dans son manchon joliment brodé de vert, mouchoir qui normalement aurait dû servir à recueillir des larmes d’extase.

Sapperlot !

On ne l’y reprendrait plus.
Elle dépassa la serre dont le cadre aurait pu tout autant servir à l’horreur qu’elle venait de vivre.

Quelle nigaude d’avoir écouté Kirsten !
Celle-ci lui avait confié sa première incartade, se faire enlacer par un jeune comte palatin … Puis la deuxième, se faire embrasser par un margrave (pas question de tester les aptitudes sur un même sujet lequel devait appartenir à la haute noblesse). Elle en avait semblé satisfaite - les deux fois, encourageant ainsi les jeunes filles en mal de pâmoison.
Augusta avait donc décidé de suivre la voix ouverte par cette connaissance. Quel gâchis !
C’était RÉ-PU-GNANT !
De la salive plein la bouche avec une odeur de hareng pourri. (Enfin ce qu’elle en soupçonnait parce que bien sûr elle n’en avait jamais mangé !)
Et puis cette grosse langue invasive qui avait molesté la sienne.

Mein Gott ! Elle allait vomir …

Mais se rappela à temps sa constitution à toute épreuve.

C’est dans cet état de nerfs qu’elle tomba sur LUI.
Avec ses larges épaules sous le manteau à cape et ses cuisses fermes bien plus moulées, soit dit en passant, par des culottes qu’une robe ne l’aurait fait sur celles d’une femme.

- Avez-vous remarqué ma cravate ? Et mes joues bien rasées ?

Éberluée elle ne saisit pas tout de suite l’allusion.
En ce jeudi le carnaval regorgeait de défilés où paillettes et déguisements encombraient les rues; nombreux étaient ceux qui attendaient avec impatience d’être attrapés par ces dames à qui la journée rendait hommage.

-  Je pourrais bien couper autre chose que votre cravate, à moins que je ne vous exile comme le mauvais démon hivernal que vous incarnez ! argua-t-elle aussitôt.

Il eut ce sourire que chacune rêvait de lui voir dédier, contre lequel elle n’était pas si armée que cela.
Que pouvait-il bien lui vouloir avec cet air fanfaron ?
Bernhard von Hollweg ne perdait pas son temps avec des femmes comme Elle. Coqueluche de ces dames il ne cessait de braver les conventions et jouer avec les coeurs. Il parassait qu’un journal de ses conquêtes circulait chez ces messieurs, rempli cérémonieusement, étalant détails sur preuves pour chacune des victimes.
Les élues faisaient partie des plus jolies (ce qui excluait Augusta) mais choisies en toute impartialité concernant rang social ou état. Décidaient-ils à l’avance de la cible ensemble ? Von Hollweg peu prévisible, entreprenait-il sa chasse à vue de nez ?
Elle penchait pour le second cas. Elle ne pensait pas le gaillard très stratégique.

- Du coup que faisons-nous ? Je vous fais oublier la frasque précédente ou vous gardez un mauvais souvenir ?

Comment était-il au courant ?
S’agissait-il d’un traquenard, le baron complice de cette ignominie ?
Voulait-on ruiner sa réputation ?
Saugrenu ! Elle restait roturière, à peine tolérée pour les richesses de son père Kurt Holstein, industriel estimé et approché par le sang bleu appauvri …
Quelqu’un visait sa dot ? Il y avait plus simple. Son père ne rechignait pas à négocier brutalement sa main enfin selon les critères de ceux qu’il surnommait les « geldgeil ».

- Je vois tourner vos petits rouages … Que me vaut l’honneur de son brusque intérêt ? Lui si riche, chevalier appartenant à la famille patricienne de Redwitz depuis 1786, tellement proche de Guillaume II, etc etc etc ….
- Et donc ?
- Ah aussi directe que votre père !
- Vous lui avez parlé ?

Du regard il chercha au loin le kiosque à musique noyé dans la blancheur.

- Pourquoi le baron ?
- Parce qu’il n’est pas vilain, qu’il semblait discret et désireux de m’approcher.
- J’apprécie votre franchise Augusta, je la préfère aux simagrées de certaines ambitieuses dont cils et éventails battent sur mon passage.
- C’est donc cela - faire rentrer dans les rangs la récalcitrante.
- Doutez-vous autant de vos charmes ?
- « Maudite soit d'abord la haute opinion dont l'esprit s'enivre de lui-même ! Maudite soit la splendeur des vaines apparences qui assiègent nos sens ! ».
- Goethe, son Faust si je ne m’abuse.

Jeu de masques

Il faisait quelques pas prêt au départ quand il se retourna si vite que les pans du manteau frôlèrent sa fourrure.

- Vous m’intéressez Augusta et j’ai obtenu de votre père la permission de vous courtiser. Sans prétention aucune je sais avoir le choix, aucun impératif pour me contraindre sinon que je cherche une épouse perspicace, chaleureuse, légèrement aventureuse. Je vous ai observée longtemps ; vous correspondez à mes aspirations. Nous aurons six mois pour faire connaissance, délai à l’issue duquel nous ferons un bilan de notre attirance voire plus j’espère. J’attendrai votre réponse.

Il s’inclina devant elle, abasourdie, en un bref salut et se dirigea vers les grilles du parc pour se fondre dans la foule - celle dont les visages bariolés rappelaient les couleurs des costumes alentour. La horde sautait, criait, se démenait avec cette joie forcée que l’euphorie faisait naître. Elle la rejoignit car à l’instant elle se sentait comme elle.

 

 

Photo de couverture, lettrine et illustrations : Chantal Perrin Verdier

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Kommentar (2)

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Chantal Perrin Verdier vor 28 Tagen

Le jeudi du Fasnacht de Cologne est la journée d'émancipation des femmes. Pendant cette journée les femmes coupent les cravates des hommes comme un acte de castration symbolique et embrassent les passants sur les joues. C'est également le début de la semaine de festivité et de défilés du carnaval.
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Chantal Perrin Verdier vor 28 Tagen

Carnaval est le temps de l'année où le règne des mauvais esprits de l'hiver froid et sombre est terminé. Ces esprits sont alors symboliquement pourchassés et expulsés.

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