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Chapitre 4 du roman le royaume de Séraphin

Chapitre 4 du roman le royaume de Séraphin

Publié le 11 mai 2021 Mis à jour le 22 mars 2022 Culture
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Chapitre 4 du roman le royaume de Séraphin

La vie avait toujours souri à Boris. Après une enfance épanouie au sein d'une famille aimante, il était devenu à l'âge de 35 ans un notaire reconnu, apprécié pour son professionnalisme et son côté proche des gens. Il était marié à une jolie jeune femme, à la silhouette élancée qui répondait au doux prénom de Camille. Celle-ci était dentiste au sein d'un cabinet privé situé à Neufchâteau, en Belgique. C'était une femme de caractère, déterminée, qui s'était toujours donné les moyens de réussir ce qu'elle entreprenait. Depuis quelques mois, ils étaient les heureux parents d'un petit Lucas qui les comblait de joie. Pour terminer cet éloge du bonheur, Boris venait d'être élu bourgmestre* de sa commune, à Ebly dans les Ardennes Belges et il s'adonnait à la course à pied pendant ses temps libres. Camille, elle, pratiquait le yoga.

*bourgmestre : maire en Belgique

Ils avaient la chance d'habiter à quelques kilomètres de la station de trail d'Herbeumont, considérée comme le paradis des traileurs, ces coureurs qui préfèrent courir dans la nature plutôt que sur la route. Boris aimait ses parcours variés et ses sentiers escarpés aux dénivelés parfois impressionnants. Ce qui lui plaisait beaucoup aussi, c'était le patrimoine architectural qu'on pouvait y admirer depuis les chemins empruntés, comme par exemple le viaduc de Conques ou le château d'Herbeumont. Mais le petit coin de paradis de Boris, l'endroit où il aimait se ressourcer, c'était à Florenville, à une trentaine de kilomètres d'Ebly. Le point de vue du Rocher du Chat, situé dans la forêt des Epioux, offrait une vue panoramique époustouflante sur la magnifique vallée de la Semois. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait choisi d'implanter sa future maison à Florenville. Comme de nombreux autres traileurs, Boris aimait s'y attarder et admirer son paysage à couper le souffle. L'ascension n'était pas facile et cette vue se méritait. Une fois arrivés en haut, nombreux étaient les randonneurs qui s'y reposaient grâce au banc installé à quelques mètres seulement du précipice. Qu'on y monte pour se ressourcer, prendre des photos ou repousser ses limites, la vue y est si incroyable qu'on oublie vite l'effort qu'on vient de fournir, instantanément remplacé par un sentiment de plénitude infinie.

La vie souriait donc à Boris, il en avait toujours été ainsi mais cela n'allait plus durer. Un grain de sable allait enrayer l'engrenage de cette parfaite mécanique bien rôdée, qui lui avait toujours dispensé du bonheur sans compter.

Ce jour-là, comme d'habitude, après avoir déposé Lucas à la crèche, Boris devait aller travailler à l'étude notariale le matin et assurer sa permanence à la mairie l'après-midi. Entretemps, pendant sa pause déjeuner, comme chaque mercredi, il devait retrouver son architecte pour faire le point sur l'évolution du chantier de construction de sa maison de Florenville. Pour terminer la journée, il devrait présider une réunion de conseil municipal prévue à 18h. Une journée bien remplie donc mais un rythme de vie qui lui convenait. Il aimait cette vie active et le contact social que lui procuraient ses activités, tant à la mairie qu'à son étude.

C'était quelqu'un de chaleureux, empathique, apprécié de tous pour sa simplicité et sa bonté. Ce jour-là, il n'aurait pas le temps d'aller courir mais ça n'avait pas d'importance puisqu'il allait pouvoir se rattraper tout le week-end. En effet, c'était le 14 août et, pour profiter du week-end prolongé de l'assomption, il avait réservé dès le lendemain, un séjour sur la côte belge avec son épouse et son fils. Ce petit break allait leur faire du bien à tous les trois. Au programme : de la course à pied bien entendu mais aussi de la détente à la plage et en priorité, du temps pour profiter de sa petite famille. Il imaginait déjà la réaction de Lucas quand ses petits pieds effleureraient les vagues de la mer du Nord. A cette pensée, un sourire illumina son visage. Il avait hâte d'y être d'autant plus que le soleil allait les accompagner durant tout le week-end avec des températures annoncées au-dessus de 30°C.

Mais alors que l'horloge annonçait presque 18h, sa vie allait basculer. Il s'apprêtait à démarrer la réunion de conseil quand il reçut un SMS de son épouse. A sa lecture, il devint tout pâle, la sueur commença à perler sur son front et l'angoisse le gagna tel un train lancé à toute vitesse. Les palpitations de son cœur étaient si bruyantes qu'il n'entendait même plus le brouhaha autour de lui. Sans même prendre le temps de s'excuser, il sortit en trombe de la salle de conseil pour rejoindre le parking où il avait laissé sa voiture ce matin-là. Ce parking n'était guère ombragé et il imaginait déjà la chaleur étouffante qu'il devait faire à l'intérieur de l'habitacle. Cette pensée lui provoqua la nausée. Dans son SMS, sa femme disait qu'apparemment, il n'aurait pas déposé Lucas à la crèche le matin. Mais ce n'était pas possible, elle devait se tromper... dans la panique, il n'arrivait plus à se souvenir : l'avait-il bien déposé ? ou pas ? Sûrement ! Mais était-ce hier ou ce matin ? Il n'en savait plus rien ! Il n'allait plus se torturer l'esprit bien longtemps.

  • Oh, mon Dieu !

Il venait d'arriver à hauteur de sa voiture. Ce qu'il découvrit au travers de la vitre arrière lui glaça le sang. Après la sueur déclenchée par la lecture du SMS de Camille, la vue du petit corps inerte dans le siège auto, le visage rougi, bouffi par les pleurs, lui donnèrent le tournis. C'était plus qu'il n'en pouvait supporter. Ses forces l'abandonnèrent et il s'évanouit sur le tarmac.

Quand il revint à lui, sa femme était assise dans la voiture, prostrée, avec le corps du petit Lucas entre ses bras. Les larmes roulaient sur ses joues et son regard était figé dans le vide. Il s'approcha d'elle mais le regard haineux qu'elle lui lança le figea sur place. Elle sortit de la voiture et, telle une lionne qui protège ses petits, elle se jeta sur lui, le frappa de toutes ses forces en déchargeant sur lui toute la colère qu'elle ressentait :

  • Je t'avais dit de ne pas accepter ton poste de bourgmestre. Tu vois où ça nous mène ? Je savais que tu en faisais trop... que c'était surhumain de tout assumer... Tu vois où ça nous mène ? répéta-t-elle en hurlant !

La pensée de son petit Lucas lui arracha de nouvelles larmes. Son bébé, son petit bébé... Plus jamais, elle ne pourrait lui dire qu'elle l'aime ! Elle laissa échapper un cri bestial, prise subitement de sanglots...

Elle reprit le petit corps inerte dans ses bras et l'embrassa partout. Elle avait besoin de sentir son odeur de bébé, au moins une dernière fois. Elle était insatiable. Elle avait beau le renifler à pleins poumons, son odeur si particulière qu'elle aimait tant le quittait déjà...elle avait envie de hurler. Elle en devenait presque hystérique...

 

  • Comment as-tu pu l'oublier ? hurla-t-elle une nouvelle fois, comme si la réponse de Boris pouvait ramener Lucas à la vie.

Mais Boris se murait dans le silence. Il était atterré, anéanti. Oui, comment avait-il pu oublier de déposer son fils, son propre sang, sa chair ?

L'engrenage de sa vie s'était grippé. Ce grain de sable allait à jamais perturber le cours de son existence. Il y aurait un avant et un après.

Depuis l'enterrement de son fils, Boris avait emménagé dans la maison en construction, Camille l'ayant chassé de leur appartement. Elle ne pourrait jamais lui pardonner. Ce n'était d'ailleurs pas faute de l'avoir mis en garde. Elle savait qu'il en faisait trop. Pourquoi avait-il accepté la place de bourgmestre ? Quand il s'était présenté aux élections, il ne pensait même pas être élu. Il avait juste accepté de compléter une liste pour faire plaisir à des amis. Mais puisque c'était lui qui avait obtenu le plus de voix, la place de bourgmestre lui revenait. Camille aurait préféré qu'il refuse. Elle le haïssait désormais.

Boris avait donc déménagé d'Ebly pour Florenville, se rapprochant ainsi de son petit coin de paradis. Dans sa maison en travaux, il avait installé un matelas à même le sol, au milieu des matériaux de construction. De toute façon, c'était mieux ainsi car dans l'appartement où ils avaient vécu tous les trois, le vide laissé par Lucas était si bruyant que c'en était insupportable. Chaque objet du quotidien, chaque pièce lui rappelait qu'il ne l'entendrait plus jamais rire, qu'il ne pourrait plus jamais le prendre dans ses bras, qu'il ne lui lirait plus jamais d'histoire avant de s'endormir. Les éclats de rire de Lucas lui manquaient ; seuls les sanglots de Camille lui parvenaient. Alors, fuir ce silence pesant, entrecoupé de pleurs, était devenu une obsession.

Depuis la lecture du SMS de Camille, le bruit assourdissant du TGV lancé à toute vitesse dans sa tête obnubilait toutes ses pensées. Le poids de la culpabilité hantait ses nuits et ses journées. Chaque nuit, le même cauchemar l'entraînait au fond d'un lac imaginaire. Il avait beau se débattre pour remonter à la surface ; inexorablement, il se faisait attirer vers le fond par une force invisible. En haut, à la surface, il voyait Lucas qui l'observait mais son visage s'éloignait jusqu'à disparaître. Invariablement, à ce moment-là, Boris se réveillait en sueur avec cette impression de suffoquer, de manquer d'air. Quand il ne dormait pas, ce n'était guère plus réjouissant : son cerveau repassait en boucle les dernières heures de la vie de Lucas. Il imaginait ce que le petit garçon avait enduré. Il imaginait son calvaire, minute après minute, heure après heure. Il avait dû commencer par pleurer doucement puis de plus en plus fort quand la chaleur était devenue insupportable. Il imaginait sa souffrance, son angoisse d'être tout seul, de ne pouvoir sortir, piégé par la ceinture de son siège auto. Il l'imaginait se débattant comme un lion, criant jusqu'à l'extinction de voix... il imaginait cette chaleur suffocante...puis, finalement le manque d'air et la déshydratation du petit Lucas. Combien de temps avait-il lutté ainsi ? Mourir dans des conditions aussi atroces, c'était abominable. Jamais, il ne pourrait se pardonner sa négligence. Ce serait bien trop facile et bien trop lâche de mettre fin à ses jours. Il fallait qu'il souffre autant que son fils avait souffert. C'était le prix à payer.

A la mairie et à l'étude notariale, la tension était palpable. Il y avait ces personnes qui lui lançaient des regards foudroyants, ces autres qui lui tournaient le dos et les derniers qui portaient sur lui un regard rempli de pitié. Il ne le supportait plus. Son mandat de bourgmestre était presque terminé. Il ne se représenterait pas aux prochaines élections. Il allait aussi se débarrasser de son étude. Tout ce qu'il avait bâti volait en éclat. Son monde s'écroulait comme un château de cartes.

Le seul moment de répit qu'il avait, c'était lorsqu'il courait. Il posait les écouteurs sur ses oreilles et le TGV dans sa tête laissait la place à de jolies mélodies. Le temps d'un footing, il oubliait qu'il avait tué son fils par négligence. Il oubliait que sa vie avait basculé, que Lucas était parti en emportant avec lui toute sa vie d'avant. Il courait ainsi tous les jours, par tous les temps. C'en était devenu une obsession, presque une drogue. Quand il courait, il se sentait plus léger, soulagé quelque peu du poids de la culpabilité. Quand il courait, rien ne lui rappelait Lucas. Il retrouvait un peu de sérénité. Il appréciait le calme, les paysages et la vue de quelques animaux sauvages rencontrés au détour d'un chemin. Il connaissait la forêt des Epioux par cœur, son massif de conifères à l'odeur si particulière, son tapis d'épines si doux qui se tassait sous ses pieds et ses sentiers escarpés.

A force de parcourir tous les jours les mêmes chemins, il avait repéré un traileur sensiblement du même âge que lui, Samuel. Un jour, ils étaient arrivés en même temps au croisement d'un tunnel et ce dernier lui avait lancé :

  • On fait la course ?

Boris avait accepté avec grand plaisir car il avait lui aussi l'esprit compétitif. Ils se parlèrent beaucoup pendant ce footing. Au fil des jours, ils se donnèrent rendez-vous et ces instants partagés leur faisaient un bien fou à tous les deux. Même s'ils n'avaient pas le même vécu, leurs vies avaient des similitudes. Ils avaient besoin de se confier l'un à l'autre. Samuel avait eu un accident de voiture trois ans plus tôt. Il avait glissé sur une route sinueuse verglacée et était tombé en contrebas d'un talus d'une dizaine de mètres. La voiture avait fait plusieurs tonneaux et bien que Samuel s'en soit miraculeusement sorti avec quelques contusions, son fils, Benjamin, alors âgé de 5 ans avait dû être amputé de son pied droit. Aujourd'hui âgé de 8 ans, il attendait la pose d'une prothèse qui pourrait lui permettre de remarcher. Les deux hommes se comprenaient même si le poids de la culpabilité n'était pas le même et que Samuel, lui, avait toujours son fils à chérir.

Samuel aimait relever des défis. L'année précédente, il avait parcouru un marathon en soulevant des fonds au profit de l'association « le sourire de Benjamin ». Cette association venait tout juste d'être créée par des amis à lui afin de récolter de l'argent pour subvenir aux besoins de son fils. Son état nécessitait du matériel assez onéreux. Ils espéraient également pouvoir financer la pose de la prothèse. Aujourd'hui, Samuel visait encore plus haut avec son envie de participer à l'ultra trail du Mont Blanc (UTMB), réputé pour sa difficulté et la beauté de son parcours.

Depuis l'accident, tous les ans, il organisait aussi une course chronométrée conviviale au profit de l'association. Comme d'habitude, cette course aurait lieu le 14 août et il espérait bien que Boris y participerait même si c'était loin d'être gagné. Cela ferait exactement un an jour pour jour que le petit Lucas s'en était allé. Boris ne se sentait pas vraiment le courage de faire la fête ce jour-là.

Ce dernier passait de plus en plus de temps avec le jeune Benjamin. Maintenant qu'il n'était plus bourgmestre, il avait du temps libre et il était heureux de le consacrer à cet enfant. Ce gamin était devenu sa raison de vivre. Il l'emmenait souvent promener en fauteuil roulant et il courait souvent sur la route car le petit aimait la vitesse et les sensations fortes.

  • On fait la course ? lui avait-il lancé un jour qu'ils se promenaient tranquillement.

Boris avait bien reconnu là son esprit de compétition, le même que son papa !

  • Tu m'emmèneras un jour au Rocher du Chat ? avait-il demandé à Boris lors d'une autre sortie.
  • Je te le promets ! lui avait-il répondu.

Pour atteindre cet objectif, il fallait impérativement une joélette, ce fauteuil tout-terrain adapté à la course en montagne. Boris en avait repéré une dans un magasin spécialisé et comme Benjamin pesait moins de 25kg, il pouvait en choisir une qu'il pourrait pousser seul. Il était ravi de la lui offrir.

Les mois passèrent. La douleur causée par la perte du petit Lucas s'atténuait quelque peu. Boris avait vendu son étude notariale. Il ne restait donc plus rien de son ancienne vie. Il n'avait d'ailleurs pas revu Camille depuis son déménagement. Comme pour tourner la page définitivement, il avait commencé à écrire un roman qui racontait sa nouvelle vie, celle partagée aux côtés de Samuel et Benjamin. Après le trail, l'écriture était devenue sa deuxième passion.

Il continuait à s'entrainer plusieurs heures par jour avec Samuel pour l'UTMB qui aurait lieu le 20 septembre prochain. En parallèle, il promenait Benjamin en joélette car il avait fini par accepter de participer à la course du 14 août. Le gamin était son moteur, son rayon de soleil. Il ne pouvait le décevoir.

Boris commençait donc à accumuler beaucoup de fatigue entre ses entrainements avec Benjamin et ceux avec Samuel. Ses jambes commençaient à perdre en efficacité. Il décida donc de lever le pied et n'accompagna plus Samuel qu'une fois par semaine, uniquement pour sa sortie du dimanche.

Cela lui dégageait du temps pour écrire son roman, dont il gardait secrète l'existence. Quand il serait édité, il offrirait son premier exemplaire à son ami. Il préférait lui en faire la surprise.

Le 14 août arriva enfin. Boris prit le départ de la course avec Benjamin installé dans son carrosse. Ce ne fût pas facile car ses jambes n'étaient plus en très grande forme, ni ses bras d'ailleurs. Mais les nombreux encouragements reçus l'aidèrent à surmonter toutes les difficultés.

  • On y est Benjamin ! Je te présente le Rocher du Chat ! Admire-moi cette vue !

Le gamin était ébahi. Boris se souviendrait éternellement de l'émotion ressentie à ce moment-là, de ses larmes qui avaient coulé. La même émotion que celle qu'un marathonien ressent quand, au bout de 42 km d'effort, il franchit la ligne d'arrivée, épuisé, mais heureux d'avoir tenu bon, d'être allé au bout. L'émotion aussi d'avoir réalisé le rêve de Benjamin, d'avoir fait briller des étoiles dans ses yeux. Il avait aussi une autre raison d'être ému mais celle-là, il ne pouvait pas en parler à Samuel. Pas aujourd'hui, en tout cas. Il ne pouvait pas lui gâcher la fête. D'autant plus que les fonds récoltés étaient suffisants pour la pose de la prothèse de Benjamin. Il y avait vraiment de quoi se réjouir. Il ne pouvait pas lui faire part de son lourd secret.

Après la course, Boris ne s'attarda pas car il était très fatigué. Il alla saluer son ami juste avant son départ et celui-ci lui répondit :

– Merci pour tout, Boris ! Je sais ce que ce jour représente pour toi. A dimanche !

Mais Boris savait que dimanche ils ne se verraient pas. Samuel viendrait le chercher comme d'habitude pour leur entrainement. Mais, contrairement aux autres semaines, il ne le trouverait pas dans la maison. A sa place, sur son lit, Samuel ne verrait que le livre qu'il venait tout juste d'éditer en un seul exemplaire, uniquement pour lui. Et ce mot : « Courage, l'ami. L'UTMB, tu vaincras ! »

Il découvrirait au travers du livre son terrible secret : que Boris était atteint de la maladie de Charcot et que, selon les médecins, son espérance de vie n'était que de quelques mois. Tout au plus de deux ans ! Que sa santé allait très vite se dégrader, que tous ses muscles allaient se rétracter jusqu'à ce qu'il ne sache même plus respirer. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il était si fatigué depuis plusieurs semaines et que ses jambes étaient aussi faibles. Il allait mourir dans d'atroces souffrances en se voyant diminué de jour en jour, de mois en mois. Boris avait pris sa décision. Le Rocher du Chat l'attendait. Ce soir, il partirait pour son dernier voyage, un voyage dans le vide au milieu de son terrain de jeu favori. Il irait ainsi rejoindre son petit Lucas, un an jour pour jour après le drame.

...à suivre : chapitre 5...

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