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D’une caméra se jouaient les absents (2018) sous la direction de Stéphane Kalla

D’une caméra se jouaient les absents (2018) sous la direction de Stéphane Kalla

Publié le 3 avr. 2021 Mis à jour le 3 avr. 2021 Culture
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D’une caméra se jouaient les absents (2018) sous la direction de Stéphane Kalla

C’est qui, ou plutôt c’est quoi, l’interdisciplinarité au cinéma ?

Au début du mois de juin 2016 s’est tenu à Budapest un festival cinématographique baptisé Résonances. Duranttrois jours s’y sont succédé plusieurs projections de films francophones et hongrois ainsi que des master class et des conférences, dont D’une caméra se jouaient les absents reprend les principales productions. S’y sont mêlés des cinéastes et des scénaristes, tels István Szabó et Tonino Benacquista, mais aussi des sociologues, des chercheuses en psychologie, tout comme des mathématiciens ou des historiens. Stéphane Kalla, professeur de philosophie à l’Université catholique Péter Pázmány, s’est chargé de regrouper l’ensemble des publications issues de ces rencontres. Des liens entre plusieurs courants artistiques sont tissés, des ponts entre les différentes disciplines sont esquissés, et l’on y évoque tout autant Les enfants du paradis que La guerre des étoiles ou  bien Une femme sous influence, tout ceci dans un esprit d’ouverture et de partage.

Pour le réalisateur et scénariste Csaba Bereczki, le mot résonance évoque son apprentissage du français, dans sa ville natale de Transylvanie. Les rêves, ainsi que la pratique de la langue française, lui permettaient alors de s’évader de son quotidien marqué par la tyrannie de Nicolae Ceaușescu. Il allait au cinéma voir des films italiens ou français français, et a découvert très tôt les films de Jean Gabin ou de Louis de Funès, et plus tard ceux de François Truffaut ou de Claude Chabrol. Il vivait alors son expérience de spectateur comme une religion, comparant sa foi dans le septième art avec sa foi spirituelle, commençant à élaborer des résonances entre plusieurs domaines. Il s’est ainsi forgé une culture française qui lui permettait de croire qu’un jour il pourrait traverser ce rideau de fer qui l’enfermait tant. Durant tout son parcours ultérieur, l’usage du français lui est devenu courant, et c’est pour toutes ces raisons qu’il œuvre à la construction et à la pérennisation d’une Europe de la Culture.

Les treize textes qui constituent D’une caméra se jouaient les absents ne sont pas tous d’une qualité égale ni d’un même intérêt. Selon son humeur, ou selon ses appétences, on pourra musarder au travers de publications plus ou moins scientifiques, plus ou moins pointus. Manque certainement un fil directeur qui relie chacun de ces documents, aucun point commun ne semblant se dégager à la lecture de cet ensemble un peu désordonné. Ainsi l’on pourra découvrir l’œuvre singulière de l’artiste visuel Fabrice Lauterjung, ou bien découvrir l’actrice hongroise Katalin Karády. Certains passages évoquent la photographie, d’autres la représentation du corps. Des figures tutélaires comme Serge Daney ou Walter Benjamin apparaissent parfois, et l’on navigue d’un cinéma grand public à des œuvres plus pointues, sans que vraiment l’on sache pourquoi l’on passe de l’un à l’autre. C’est une idée qui peut être intéressante, mais une tentative de liant ne serait pas inutile.

En piochant dans D’une caméra se jouaient les absents on trouve par exemple L’art fractal est un art !, qui, s’il n’est relié au thème du cinéma que par un fil, nous permet tout de même de découvrir les œuvres de Jérémie Brunet. Cet ingénieur spécialisé dans les fractales milite, tout comme le professeur d’informatique Jean-Paul Delahaye qui nous le présente pour considérer ces objets mathématiques comme des œuvres d’art à part entière, arguant que les techniques numériques peuvent tout autant apporter une émotion artistique que la photographie ou le cinéma. La sociologie est invoquée pour discuter de sa pertinence dans la production de films historiques. Ainsi Gábor Erőss navigue-t-il dans les œuvres de Bertrand Tavernier ou d’Éric Rohmer pour les cataloguer selon qu’elles disposent ou pas d’un capital politique, économique ou symbolique. Une tentative de rencontre entre La rose pourpre du Caire et Le songe de Constantin est même opérée par le professeur d’esthétique Bernard Lafargue.

Un des textes les plus intéressants de D’une caméra se jouaient les absents est rédigé par Célia Vaz-Cerniglia, enseignante-chercheuse en psychologie à l’Université catholique de Lyon, et Élie Ayroulet, enseignant-chercheur en théologie de cette même faculté. Intitulé La « force » dans Star wars ou la mise en scène d’une métaphysique panenthéiste, il décortique le concept qui est au cœur de la saga de George Lucas. Très bien construite, la publication, avec moult références, cherche à comprendre ce que meuvent les personnages de cette épopée, en l’occurrence les Jedi, et d’où leur vient ce pouvoir si particulier. Une analyse très intéressante met aussi en avant les ressorts psychologiques qui poussent les spectateurs vers des salles obscures et comment cette toile blanche va pour certaines et pour certains devenir un exutoire de désirs ou de pulsions. Comme quoi même une production aussi mainstream que La guerre des étoiles peut amener à bien des réflexions.

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