Les sept minutes de terreur étaient passées.

Pratiquement tous debout ensemble dans le centre de contrôle, certains les bras levés d’autres dressant le poing ou étiré en check, ils applaudirent en écho aux quelques cris de victoire poussés ça et là.

La NASA avait gagné !

Protégé par son bouclier thermique, le rover s’était préparé à être largué, il allait devoir entrer dans l’atmosphère et attendrait seulement le déploiement de son parachute supersonique. Le petit crabe au-dessus de lui, lancé soudain à 20.000 km/h, ne l’avait pas trop balloté grâce aux câbles qui l’avaient encadré, jusqu’à l’allumage des huit rétrofusées les ralentissant peu à peu ; sur la fin de la descente, les six roues s’étaient écartées pour faire connaître au rover son premier contact avec le sol martien.
Leur séparation avait été parfaite.
Il avait atterri là où il le devait : le cratère Jezero.

Sa température était montée jusqu’à 1.300° à cause de ses frictions avec l’air mais son bouclier thermique avait joué son rôle.

Perseverance avait réussi !

"Ma première vue sur la maison qui sera la mienne pour toujours."

Maintenant il lui fallait voyager : passerait-il par le rivage de l’ancien lac ?
Trouver des traces de vie : microbiennes très certainement.
Collecter des échantillons : il avait assez de tubes à remplir.

Pour l’instant la priorité était Ingenuity qui devait arriver à voler. Le petit hélicoptère fit une première tentative mais le test fut troublé par une interférence ; les deux micros de Perseverance le captèrent derrière les hélices du drone.
Les images de la caméra commencèrent à sauter.
La sonde démarrait une analyse du dysfonctionnement quand son viseur se mit à tourner dans tous les sens comme à la recherche d’un indice qu’il ne parvenait à trouver. 

L’interférence devint grésillement,
dans des tons stridents qui paralysèrent momentanément Perseverance.
Il portait toutefois bien son nom et résista pour relancer une programme de vérification.
La caméra aveugle devint hors contrôle s’ingéniant à la priver de toute étude sur la provenance du son.
Car le bruit était devenu son.

Où était passé Ingenuity ? Le rover ne le percevait plus.
Il n’y avait plus que ces suites de vibrations qui le rendait sourd à toute autre manifestation.

S'il avait été à cent pour cent de ses capacités, il serait parvenu à faire signifier la curieuse mélopée :

- Bonjour Rover !

Photo de couverture : NASA
Illustration dans le texte : Chantal Perrin Verdier