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T...hérapie génique

T...hérapie génique

Publié le 28 août 2022 Mis à jour le 28 août 2022 Santé
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T...hérapie génique

Parée de tous les espoirs, mais aussi de tous les doutes, ce sera peut-être la grande révolution de la médecine de la deuxième moitié du XXIe siècle.

Elle consiste à réparer ou modifier le patrimoine génétique défaillant à l’origine d’une maladie.

En 1953, deux jeunes chercheurs, Watson et Crick publiaient un article dans une revue scientifique qui allait révolutionner la compréhension des mécanismes chimiques de l’hérédité en décrivant la structure en double hélice de l’acide désoxyribonucléique (ADN), qui contient l’ensemble du matériel génétique d’un individu, ce qui leur vaudra le prix Nobel de médecine quelques années plus tard. 

Peu de temps après, les Français Jacques Monod, François Jacob et André Lwoff démontrent que cet ADN est le point de départ des réactions biochimiques qui par l’intermédiaire de l’acide ribonucléique (ARN) produisent les protéines nécessaires à la vie et dont l’absence peut créer des maladies génétiques. Cela leur vaudra là aussi le prix Nobel en 1965.

Puis apparaît le séquençage entier du génome, d’abord animal à la fin des années 70 pour devenir humain. Le premier séquençage entier du génome humain est ainsi réalisé en 2003 et coûtera plus de 2 milliards de dollars…

À partir de là, tous les espoirs sont permis… Toutes les craintes aussi, car qui peut se permettre de tels coûts sans résultat probant à terme.

Remplacer le gène manquant, à l’origine d’une maladie qui permettra par exemple de synthétiser la protéine déficiente et de sauver un enfant porteur d’une maladie génétique, voilà une idée séduisante qui vaut bien tous les sacrifices du monde.

Les investisseurs sont sollicités, les téléthons se mettent en place, mais cela suffira-t-il quand, à ce jour, les résultats restent décevants et le retour sur investissement, une chimère lointaine ?

Or hélas, malgré la générosité et le désintéressement relatif de certains, tout dans notre mode est placé sous le sceau du résultat ou, plus mercantile, du profit immédiat.

Un deuxième danger guette ce formidable bond en avant de notre médecine. C’est l’usage qui peut être fait de ces manipulations de gènes.

Il n’y a pas si longtemps, certains prônaient l’avènement d’une race supérieure. Or, l’eugénisme tôt ou tard risque de refaire surface derrière ces manipulations. Un comité d’éthique pourrait-il empêcher un financier privé, installé dans un État échappant à toute loi, d’entreprendre des recherches aboutissant à un concept d’homme parfait moyennant quelques trafics génétiques !

Et l’enfer, comme chacun sait n’est pavé que de bonnes intentions.

Nous arrivons peut-être à l’aube de tous les dangers.

En médecine, comme malheureusement dans bien d’autres domaines.

Ainsi, le pape du transhumanisme, Ray Kurzweil a été embauché par Google. Le transhumanisme est un courant de pensée qui prône l’usage des sciences et des techniques (biotechnologie) pour faite demain ni plus ni moins qu’un robocop : un homme parfait, moitié machine, moitié homme capable de mieux entendre, d’être plus fort, de voir plus loin, de penser beaucoup plus vite et bien mieux, grâce à des puces implantées dans le cerveau humain. Un être qui repousse les limites de la vie par manipulations génétiques et remplacement de pièces si nécessaire, puisées dans une banque de cellules indifférenciées.

On a donc prévu, pour le milieu de notre siècle, de réaliser l’homme qui valait trois milliards !

Mais là, ce n’est plus un film de science-fiction pour Google et Ray Kurzweil. Cela deviendra la réalité.

 Le meilleur des mondes n’est déjà plus un roman de science-fiction… À la rigueur d’anticipation.

 Et si cela arrive, comme le dit Philippe de Villiers dans « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu », qui en profitera ?

  Ce rêve à portée de main –l’immortalité- que concoctent aujourd’hui les multinationales comme Google, Apple et les autres est un rêve sélectif. Seuls les plus riches et les moins scrupuleux y auront accès ».

 À quand la transmission de l’acquit d’une vie dans le cerveau des nouveau-nés pour leur permettre demain d’être opérant très tôt, évitant ainsi le long apprentissage des sciences, de la culture, de l’histoire, de l’art, qui ferait d’eux des êtres uniques avec leur connaissance et leur sensibilité propre ! Tout ce qui fait la richesse de l’être humain.

Où s’arrêtera la folie des hommes pour notre bonheur commun ?

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) répond à cette logique et son intérêt premier a été dévoyé. Votée en France en 1975 et formidable avancée pour les filles-mères ou lors de risques réels pour la mère et l’enfant, elle est devenue un acte routinier laissé au libre choix de toute femme majeure, sans autre impératif !

Pourtant, la contraception existe et avant elle, nos mères savaient s’en passer pour éviter de se trouver enceintes.

Est-il raisonnable de décider, pour convenance personnelle, de la vie ou de la mort d’un être innocent. Cela, bien sûr, pose la question de l’être pensant qu’est l’embryon. Difficile de répondre à cette question, mais ce que l’on peut affirmer, sans crainte de se tromper, est que le sexe est déterminé au stade unicellulaire de l’embryon.

On ne peut plus tôt, donc.

En découle la recherche sur les cellules souches embryonnaires.

La question posée est la liberté de la recherche et le respect de l’embryon humain.

Lorsque la science a démontré que les cellules souches embryonnaires étaient capables de se différencier pour évoluer vers tous les tissus du corps humain, la question était soulevée.

Était-il « éthique » d’autoriser l’expérimentation sur une vie humaine en phase de développement au nom des progrès de la médecine ?

Si en 1994, une première loi de bioéthique prononce l’interdiction absolue de toute recherche sur l’embryon, dix ans plus tard, la recherche sur les embryons ne devient plus qu’interdite « en principe » !

 Les perspectives thérapeutiques apparaissent telles que le législateur décide que des dérogations exceptionnelles pourront être accordées aux équipes de recherche.

Les cellules souches embryonnaires utilisées sont prélevées sur des embryons surnuméraires entre le 5e et le 7e jour suivant une fécondation in vitro et qui ont été congelés en prévision d’un projet parental finalement abandonné.

Les comités consultatifs, sollicités sur ces questions relatives à l’utilisation des cellules souches embryonnaires, renouvellent tous les 5 ans depuis 2004 un avis favorable sous condition.

L’apport de ces cellules pluripotentes est gigantesque pour la recherche et les traitements de maladies génétiques, mais il est facile de comprendre combien une telle utilisation en des mains moins scrupuleuses peut, là encore, devenir dangereuse !

 

L’homme joue à l’apprenti sorcier. Il a ouvert, il y a bien longtemps, la boîte de Pandore, repoussant indéfiniment les limites de la maladie, bientôt les limites de la mort.

Il n’a eu de cesse d’ôter la glaise de ses souliers, cette terre qui est pourtant son bien le plus précieux, sa terre dont il se détourne comme s’il en avait honte.

Pourtant il restera mortel, quoi qu’il fasse. Souhaitons seulement qu’il garde un peu de lucidité pour épargner notre planète bleue.

Je repense à ces mots de Jacques Mayol, premier apnéiste à avoir dépassé la profondeur de 100 mètres, interviewé il y a quelques années :

Que faudrait-il faire pour cesser de détruire notre planète ?

Mayol répondit avec un peu d’humour :

« Tuer l’homme » 

il se pendit quelques années plus tard.

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Commentaire (1)

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Stéphane Hoegel il y a 1 an

Les questions autour de l'homme "amélioré" sont je trouve à la fois fascinantes et vertigineuses. Selon la manière dont on aborde le sujet, il est tout aussi bien possible d'être positivement enthousiaste (comment refuser l'idée de se débarrasser pour soi ou pour ses enfants de maladies congénitales, de risques de cancers, d'handicaps physiques ou mentaux ?) que foncièrement contre (qu'en est-il du hasard, des inégalités entre ceux qui peuvent se le permettre et les autres, qu'en est-il de la marchandisation du corps, qu'en est-il des abus inévitables, qu'en est-il de la déshumanisation de l'homme ?).
Songeons qu'une personne portant des lunettes est déjà un humain "amélioré"... la question des limites se pose donc. Où les situer ? Peut-on seulement en imposer ?
J'ai eu l'occasion de lire à ce sujet un ouvrage qui m'a fortement marqué, car il décrit très précisément tout ce vers quoi tend la médecine du futur (et le futur c'est maintenant !) et pose toutes ces questions, il s'agit de "La Mort de la Mort" de Laurent Alexandre que j'ai trouvé passionnant.
Merci pour vos articles toujours intéressants !!

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