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Cécile, salariée dans une entreprise de pompes funèbres (#43)

Cécile, salariée dans une entreprise de pompes funèbres (#43)

Publié le 4 juin 2020 Mis à jour le 4 juin 2020 Entrepreneuriat et start-up
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Cécile, salariée dans une entreprise de pompes funèbres (#43)

 

« Au début, c’était très difficile, très anxiogène. Tout le monde était confiné, et nous on devait continuer à travailler. On était tous devenus un peu hypocondriaques

 

On n’a pas été considéré comme un métier prioritaire : nos stocks de gants et de masques ont été réquisitionnés. 

 

On naviguait à vue. Normalement, les familles devaient rester à la porte (car on ne peut entrer que par deux dans l’agence). Mais comment respecter la consigne quand vous avez cinq personnes âgées devant vous, dans le froid ? Comment leur dire de ne pas tout tripoter sur mon bureau ?

 

Quand une personne est suspectée d’être COVID, il est interdit de lui faire sa toilette : elle doit rester habillée dans la tenue qu’elle avait au moment du décès. Son corps est mis dans une housse. Et la mise en bière a lieu immédiatement, sans la présence des familles.

 

Parfois, on m’appelait pour me prévenir qu’un proche avait été diagnostiqué COVID dans un EPHAD : il fallait anticiper ses obsèques. Puis on me téléphonait pour me dire que c’était une erreur : la personne n’était finalement pas porteuse du virus. Puis, je recevais un troisième appel car elle était morte. Cette histoire s’est reproduite plusieurs fois. Je crois que c’est parce que le virus bouge : il était par exemple présent dans le nez un jour, puis indétectable sur le visage, mais présent ailleurs. 

 

On ne savait plus où entreposer les cercueils. Il a fallu ouvrir un local à Rungis qui est devenu un dépositoire pour toute l’Île-de-France.

 

C’était un casse-tête administratif. Certaines mairies exigeaient, comme à l’accoutumé, d’avoir des originaux. Elles se sont assouplies au fur et à mesure. 

 

Pendant le confinement, les crémations se faisaient sans cérémonie, sans présence de la famille. 

 

Aujourd’hui encore, on ne sait pas si le virus est présent sur un cercueil. C’était difficile à vivre pour l’ensemble du personnel funéraire, notamment pour les collègues qui devaient le porter à l’épaule ou pour tous ceux qui devaient le manipuler. Les cercueils étaient lavés à l’eau de javel. Ils ne pouvaient pas être bénis par les membres de la famille.

 

Les cérémonies étaient limitées à 20 personnes. On a remarqué que les obsèques étaient parfois diffusées en direct par des membres de la famille ; cette pratique peut gêner certains : ce n’est pas trop dans notre culture de filmer lors de funérailles.

 

 

On s’est beaucoup fait critiquer sur les réseaux sociaux. J’ai du respect pour les caissières, pour les livreurs, les éboueurs, le corps médical. Mais personne n’a jamais eu un mot de reconnaissance pour les métiers du funéraire. Nous sommes habitués à être dans l’ombre. Et on ne choisit pas ces professions pour être dans la lumière. Mais quand on fait le décompte de tous les morts du Covid19 chaque soir en France, on pouvait s’attendre à autre chose que des polémiques sur notre métier.

 

On a tous perdu quelques années de vie pendant ces deux mois. »

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