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FRISSONS
Une simple soirée entre amis

Une simple soirée entre amis

Publié le 23 avr. 2021 Mis à jour le 6 mars 2024 Horreur
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Une simple soirée entre amis

Vers 17h30 ce fut finalement Jean-Pierre qui passa prendre Zoé pour les conduire à la maison de Jeanne en Normandie.
Homme à rendre serein un nid d’abeilles, il apprécia néanmoins sa co-équipière qui improvisa la route sur plans et indications notées par leur hôtesse. Cette dernière avait eu l’idée de regrouper ses collègues favoris à la veille de la réunion du département présentée comme une « journée-détente » à l’Aqua-Parc de la région et dans laquelle s’inscriraient quelques séminaires,
pour la forme.

À une distance de 80 kilomètres Jeanne possédait un château de poche à l’orée d’un sentier de terre. Après le paysage de l’autoroute les deux voyageurs découvrirent des rangées de saules perdus entre des cornouillers sanguins - soldats plantant leur vigilance autour de la maison - dont le bord des feuilles caressé par la lumière finissante, allongeait la fin d’après-midi. Le toit gracieusement incliné vers ses cheminées surplombait des fenêtres sagement alignées dans l’éclairage feutré du soir.
Jeanne ferait sûrement visiter, d’ailleurs des rires leur parvenaient déjà de l’entrée par-dessus le claquement des roues sur le gravier.

                                                                                   ● ● ●

Tandis que Didier, imperméable aux vannes des autres, épluchait les œufs d’autruche Hervé et Zoé dressèrent la table. Véronique accompagnée de Jeanne surveillait la cuisson de foies de volailles tout en décollant les pochettes des magrets de canard pour satisfaire les goûts de chacun.
Légumes et fruits furent également préparés.

La table permettait de bien se voir, facilitant les conversations qui fluctuèrent entre travail, remarques méchantes sur les absents et projets de vacances.
Après un digestif ils entamèrent un jeu de mîmes qui les fit s’esclaffer jusqu’à minuit.
Aux douze coups cinglés par une horloge de film d’épouvante, Jeanne se pencha sur chacun de ses convives pour étudier leurs pupilles qui, selon ses dires, devaient révéler si oui ou non, s’y cachait la lueur de spiritisme indispensable à la scène qui allait suivre.

- Parfait, la majorité d’entre vous possède l’AP-titude !

Puis  se redressant elle désigna dans le salon le piano dessous lequel Jean-Pierre retira une table circulaire au pied ciselé qui la rendait bancale.
Les lampes furent éteintes, les sièges rapprochés autour du guéridon.

Telle la déesse des mystères les plus puissants, elle proféra :

- Que la séance commence !

Dessin au fusain et encres par Chantal Perrin Verdier

Comme ils étaient des néophytes, elle leur expliqua comment positionner leurs mains et les aida à faire le vide dans leurs esprits, ce qui ne fut pas aisé vue la déconcentration de certains d’entre eux qui pouffèrent seulement après quelques minutes de silence. Il fallut recommencer trois fois avant de parvenir à une quiétude où seul le crépitement des flammes dans la cheminée fut audible.
A ce niveau de méditation, ils réussirent à accorder leurs souffles et ce fut peu à peu que la table se mit à chauffer sous leurs doigts.
Zoé ne put résister et ouvrit un œil pour épier la réaction des autres à ce phénomène mais fut stoppée net par Jeanne qui interrogea d’une voix d’outre-quelque-chose :
- Esprit, es-tu là ?

A la question, le guéridon fléchit légèrement.
Ils furent trois à vérifier si un comparse n’avait pas soulevé l’objet du pied ou du genou : sur quelques boutades ils purent constater qu’il n’en était rien.

- Es-tu un esprit de la maison ? Si oui, tape une fois le sol, sinon tape deux fois.

Il tapa une fois.

- Es-tu un esprit que j’ai connu ?

≪OUI≫

- Quand j’étais petite ?

≪OUI≫

- Mon grand-père ?

≪NON≫

- Le vieux jardinier ?

≪OUI≫

- Te rappelles-tu mes farces ?

≪OUI≫

- M’en veux-tu encore ?

≪OUI≫

- Alors que je n’étais qu’une petite fille de 4 ans ?

Silence

- Dis-moi ton épouse est avec toi ?

≪NON≫

- Vous n’êtes pas réunis là où vous êtes ?

Silence

- Veux-tu quand même jouer avec nous ?

À leur grande surprise le guéridon se mit à se déplacer, les poussant tous à se lever pour dériver avec lui jusqu’aux portes du salon fermées par Hervé juste avant la séance. Comme au bout d’un moment la table ne bougeait plus, Jeanne en conclut que l’esprit était parti.
Chacun de chasser le malaise que ce court voyage avait fait naître.

- Moi j’aurais bien aimé qu’il monte l’escalier ! provoqua Didier.

Jean-Pierre soupira en se massant les épaules tandis qu’Hervé transportait la desserte au centre de la salle.
Ils se redisposèrent autour d’elle.
Jeanne récidiva pour que ses imprécations puissent les mettre en contact avec quelques personnalités locales ainsi que quelques autres membres de sa famille, bien sûr tous défunts.
Le guéridon en plus des réponses fournies parfois frémissait tantôt se balançait tantôt circulait maladroitement d’un mur à l’autre.

Ce n’est qu’une fois immobilisé à côté de la cheminée qu’un nouveau contact se produisit.

- Es-tu un esprit de la maison ?

≪NON≫

- Du village ?

≪NON≫

-Un esprit qui a connu l’un de nous ?

Silence

- Appartiens-tu à ce siècle ?

≪NON≫

Il répondit non à tous les siècles qu’on lui énuméra.

- Es-tu un esprit humain ?

Un temps d’attente puis :

≪NON≫

- Non humain ?

Silence

- Serais-tu un Dieu ? ricana Didier

Le guéridon vacilla dangereusement.

- Veux-tu jouer avec nous ? relança aimablement Jean-Pierre

Silence

- Esprit es-tu toujours là ?

A la voix de Didier la table se dirigea sur la droite, les obligeant à s’écarter les uns des autres. Face au trouble général, Jeanne reprit la main :

- Veux-tu sortir du salon ?

≪OUI≫

- Monter l’escalier ?

≪OUI≫

Les portes furent donc ouvertes et de là ils furent menés jusqu’en bas des marches par la seule évolution du petit meuble.

- Cherches-tu un étage particulier ?

≪OUI≫

- Une chambre particulière ?

≪OUI≫

- La chambre de qui ?

Jeanne se questionnait plus elle-même que le guéridon cependant il la renseigna en amorçant un mouvement d’inclinaison, rapprochant sensiblement ses rebords de … ZOÉ !
Prêt à toucher le haut de ses cuisses, il dérapait lorsqu’elle arracha ses mains au plateau entraînant l’abandon de ses camarades. En ayant brisé le lien ils déclenchèrent l’effondrement du guéridon qui roula à leurs pieds heureusement sauvés de sa chute massive en ayant reculé à temps.

Jean-Pierre plaisanta :
- Il s’agissait peut-être d’un esprit fou !

Chacun y alla de son explication, cherchant à chasser les inquiétudes que la session avait installées. Jeanne dès lors y vit le signal d’aller se coucher et entre récits de ses précédentes expériences (dont le fait que le guéridon était passé une fois par la fenêtre) - et commentaires de son public, elle les motiva à regagner leurs chambres.

- Veux- tu dormir avec nous ? Proposa Véro qui parlait pour la première fois
- Nous avons un lit une place dans l'annexe de notre chambre … Confirma Didier
- C’est gentil mais ça ira … (Zoé se refusait à troubler leur intimité).

À regret elle les vit rejoindre Jeanne qui logée au même étage qu’eux, les précédait dans les escaliers.
Hervé, Jean-Pierre et Zoé dormiraient au-dessus.

- Ben dis-donc il t’aimait bien le guéridon … la taquina Hervé en montant.
- Un des rares avec qui j’ai eu un ticket ! s’égaya-t-elle à son tour pour donner le change.

Les deux hommes rirent avec elle bien qu’elle les sentit crispés.

Elle les salua puis entra dans sa chambre.

Dans son lit elle s’appliqua à ignorer les craquements et froissements inhérents à une vieille demeure isolée dans la campagne. Niant l’obscurité si dense autour de sa propre respiration, Zoé se persuada que la soirée n’avait été qu’un canular orchestré par Jeanne et un complice ; pour se distraire elle chercha qui. Déjà prête à les surprendre demain en improvisant un sermon qui dénoncerait leur farce, elle commençait à se rassurer

Quand un grincement retentit dans le couloir.
En alerte Zoé se tendit puis s’enveloppa mieux de sa couette en un geste de défense. 

Le bruit cessa    pour se faire plus lourd    plus proche
Un dernier coup heurta sa porte.

Dans le noir, sans voix, elle attendit.

Derrière la porte patientait, elle en était certaine : le guéridon.

 

Photo de couverture et illustration dans le texte : Chantal Perrin Verdier

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