

Le livre qui sera PAS lu !
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Le livre qui sera PAS lu !
1813, Angleterre, Devour, Leeway, un Lundi
- Elisabeth ! Hâtez-vous !
- Ô, William, ma peur est si grande !
Prise dans le crépuscule, la calèche étirait son ombre dans les premières lueurs tandis que les chevaux s'impatientaient autant que le comte (cadet d'une famille et - de leurs soucis), devant l'hésitation de la jeune fille.
- Nous devons fuir ...
- Renonçons William.
- Pourquoi donc ?
- Vous le savez bien.
- Moi, oui, mais le lecteur : non !
- Pardon ?
- RoôauHH ... Faites-moi la grâce, Elisabeth, de grimper dans cette calèche de malédiction avant que nous ne puissions dépasser cette gourgandine de page 6 !
- William, surveillez votre langage ! Reprenez-vous !
- Je ne peux. Ce diable d'écrivain m'a fait ainsi.
Il se tourna vers les montures.
- Une calèche ! Pour s'évader ! Quelle idée saugrenue. Il aurait au moins pu se documenter sur le contexte socio-historique. Avez-vous noté le souverain dont il nous a affublés ?
- Que me contez-vous là mon ami ?
Le dit-ami considéra sa comparse avec circonspection durant 5 lignes, ce qui dans un format standard peut paraître très long.
- Comment puis-je avoir envie de fuir avec vous ? Ah ! Oui ! c'est vrai ; je n'ai pas le choix, lâcha-t-il enfin, avec mépris.
Évitez, de plus, de me chapitrer tant que le lecteur n'a pas atteint la fin de celui en cours. Parce que jusqu'à maintenant, notre public se limite à deux associaux ...
- Vous me perturbez tant que je ne sais que vous dire ...
- Prévisible ma chère, tout autant que notre fin sordide dans un centre de recyclage.
- Un centre de quoi ?
- Vous ne prêtez jamais attention à rien d'autre qu'à votre satanée voix sirupeuse, n'est-ce pas ? Moi par contre j'ai entendu les simples d'esprit dire que nous finirions là.
- Ciel ! Mais qu'est-ce donc ?
- Apparemment un endroit où l'on détruit d'anciens livres pour en refaire de nouveaux. J'ai bien peur qu'à tout point de vue, nous ne partions en fumée ...
- Quelle horreur ! Qu'allons-nous faire William ?
Était-ce un éclair de lubricité qui traversa le regard masculin qu'une innocente jeune fille comme elle n'aurait jamais dû savoir identifier ?
- Il nous faut une scène de sexe !
(C'était bien un éclair lubrique !)
- Êtes-vous devenu fou ?
Comme pour le lui prouver, il la prit sauvagement dans ses bras et se mit à lui dévorer le cou (là, il risquait une erreur de genre ... mais bon ! A la guerre ...).
- Je suis une jeune fille, William !
- Pas pour longtemps !
En derniers recours, elle glissa, entre sa bouche à lui et son corsage à elle, un :
- Quelqu'un pourrait nous surprendre !
- Impossible ! Il n'y a personne avant la page 13 quand nous arrivons au relais. Puisque nous ne sommes pas partis en fin de paragraphe 3 comme convenu, nous ne sommes pas prêts d'être dérangés.
Il commençait à défaire ses jupons.
Finalement Elisabeth avait du bon !
- William ... Je vous en prie ... Seigneur ... Poursuivez ...
- Autant mériter les flammes de l'enfer auxquelles nous destine cette piètre histoire, chuchota-t-il entre deux baisers.
Et il la culbuta dans la calèche.
Finalement - Elle aussi - avait du bon !
Crédit : Chantal Perrin Verdier - Encres de chine, encres aquarelle, plumes
Photo de couverture : Ben White sur Unsplash

