Je revois cette plage, en hiver, sur laquelle nous marchions.
Je ressens les embruns froids et salés qui mouillaient nos visages transis.
J’entends encore la mélodie douce et entêtante des vagues alanguies.
Je me souviens de cet horizon gris, que tous les deux, nous contemplions.

Je me souviens de tes paroles, quand des éléments tu t’émerveillais.
Je me souviens comme si c’était hier de tes doigts si fins
Qui parfois repoussaient une mèche audacieuse qui te gênait,
Quand dans tes cheveux venait jouer un vent taquin.

Au-dessus de nos âmes, seules au monde sur le sable gris,
Volaient une nuée de goélands et de mouettes
Dont les rires résonnent encore parfois dans ma tête
Lorsqu’ils viennent cruellement hanter mes nuits d’insomnies.

Je me souviens de ce monde que chaque fois nous refaisions ;
De tous ces projets, qui ne virent jamais le jour, que nous imaginions ;
De tous ces espoirs, balayés depuis par la vie, que nous projetions ;
De cet immense vide que tu as laissé lorsque tu es partie.

Je retourne encore parfois sur cette plage en hiver
Sur laquelle, main dans la main, nous marchions.
Je marche sur ce sable qui, inlassablement, devint le tombeau de nos illusions.

Tu le sais, je maudits souvent ma naïveté passée.
Comment croire que ces instants dureraient pour l’éternité ?
Comment croire que la vie nous épargnerait ?
Les vagues autrefois si sereines, c’est avec mépris qu’elles me toisent désormais.

Ici naquirent nos espoirs.
Ici disparurent nos jeunes années.
Je vois encore ce ciel gris, pleurant en moi les êtres qu’on nous arrache.

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