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L'Horloger de Saint-Paul (Bertrand Tavernier, 1974)

L'Horloger de Saint-Paul (Bertrand Tavernier, 1974)

Published Jul 22, 2020 Updated Jul 22, 2020 Culture
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L'Horloger de Saint-Paul (Bertrand Tavernier, 1974)

Tous les chemins mènent à Rome. Le premier long-métrage de Bertrand Tavernier qui est aussi sa première collaboration avec Philippe Noiret témoigne déjà d'une conscience politique et sociale qui fait la "patte Tavernier". Bien que très différent sur sa forme, le film a des points communs sur le fond avec "Les Valseuses" de Bertrand Blier sorti la même année. En effet les deux films partagent une perception très critique de la France pompidolienne et dressent le constat d'une fracture générationnelle entre des aînés englués dans leur conservatisme bouffi et une jeunesse post soixante-huitarde révoltée qui faute de trouver sa place dans une société bloquée bascule dans la marginalité et la délinquance. Alors que "Les Valseuses" s'ouvre sur un petit larcin et du harcèlement sexuel commis sur une matrone par deux petits loubards, le début de"L'Horloger de Saint-Paul" établit un parallèle entre une voiture en train de cramer et un repas franchouillard ("y'a du rouge, du saucisson") assaisonné de propos gras dignes d'un best of des meilleures galettes de Michel Sardou ("Je suis pour", "Femme des années 80"). Le délinquant juvénile, c'est Bernard Descombes (Sylvain Rougerie), le fils de l'horloger Michel Descombes (Philippe Noiret), un homme sans histoires qui on le devine rejoint les convives du repas cité plus haut. Néanmoins la comparaison s'arrête là car si dans "Les Valseuses" la fracture entre jeunes et vieux est irréparable (sauf quand les vieux sont eux-mêmes des marginaux), "L'Horloger de Saint-Paul" raconte le parcours de Michel à qui les actes de son fils font prendre conscience de ses propres manques en tant que père. Au lieu de le juger et de le condamner, il saisit l'épreuve comme une seconde chance de pouvoir connaître son fils, essaye de comprendre ses motivations, tente de renouer les liens rompus et finit par prendre son parti publiquement contre le reste de la société. Ironiquement la scène du parloir située à la fin du film où père et fils sont séparés par une cloison vitrée est aussi la première où ils se parlent vraiment. Une parole qui s'oppose à la violence des rapports sociaux et sexués que Bernard a voulu déjouer en prenant la défense de sa compagne, Liliane (Christine Pascal dans un petit rôle muet mais qui ne le restera pas longtemps, livrant haut et fort sa parole d'écorchée vive notamment dans les films ultérieurs de Tavernier) face au gardien de l'usine où elle travaille qui veut abuser d'elle.

Bertrand Tavernier, aidé du duo de scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost qui prirent ainsi leur revanche sur la Nouvelle Vague qui les avaient ringardisés a adapté le roman de Georges Simenon en le transposant à Lyon, sa ville natale et en lui ôtant son caractère policier pour se concentrer uniquement sur le cheminement humain de son personnage principal. Il est d'ailleurs intéressant de souligner qu'il en va de même du commissaire, joué par Jean Rochefort. Celui-ci mène en effet une enquête mais ce n'est pas celle que l'on croit. Ses échanges avec Michel Descombes révèlent qu'il souffre du même problème d'absence de communication avec son propre fils. Par un heureux concours de circonstances, François Périer qui avait d'abord été choisi pour le rôle l'a décliné ce qui rapproche d'autant plus les deux figures paternelles, Jean Rochefort et Philippe Noiret étant de grands amis à la ville en plus d'avoir joué ensemble une dizaine de fois. 

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