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Onze Vingt-huit

Onze Vingt-huit

Published Jan 12, 2023 Updated Mar 6, 2024 Drama
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Onze Vingt-huit

Heure matinée

La poignée de porteGabrielle se redressa face à des chiffres qui avaient sûrement dû s’arrêter dans la nuit ...
Parce qu’il était impossible qu’il fût cette heure-là !
Pourtant dans la cuisine l’horloge du micro-ondes s’acharna à la contredire.
Du coup pas même le temps d’un café,
direction salle de bains,
eau de toilette en guise de douche
et vêtements de la veille.
Tout faire pour être à temps à son rendez-vous sur Morges : l’appartement du complexe devait absolument être vendu aujourd’hui.
Elle allait devoir prendre la Peugeot plutôt que le train.

La porte une fois claquée le téléphone fixe se mit à sonner, substitut d’un portable éteint sur la table de chevet,
sans pouvoir rattraper la jeune femme.

 

Heure matinée

Portes westernMais à quelle heure devait-on rouler pour ne trouver personne sur cette maudite A1 ?
Le créneau ne correspondait à aucun horaire de travail, on n’était pas mercredi, trop tôt pour envisager le déjeuner d’affaires ou la pause midi …
Qu’est-ce que faisaient tous ces véhicules sur cette portion ?
Les gens n’étaient pas censés travailler ?
Gaston n’en revenait pas.
Lui-même venait de trouver pour la cuisine les portes western dont Marcia rêvait,
elle serait drôlement contente !
Histoire de supporter le 80 que le flux imposait, il alluma le poste chantonnant bêtement sur la voix de la radio. Un motard le rasa juste à ce moment sur la droite épargnant de peu son rétroviseur mais pas son coeur dont le choc se répercuta dans son coup de volant maladroit.

Heureusement sa citroën d’occasion s’accrochait au bitume avec l’énergie de sa vieille carcasse.
Elle récupéra la ligne droite.

D’ailleurs il se rendait à l’examen de contrôle sur les hauteurs de Nyon, histoire de la faire tenir un peu plus longtemps. S’il savait pouvoir compter sur elle, il ne pouvait en dire autant des gars qui là-haut décideraient de son sort …
Bah !
Plus que quelques minutes et il en aurait le coeur net, ce dont l’un comme l’autre avaient bien besoin.

 

Heure matinée

Quelques pasDans le petit jardin bordant le chemin de promenade la fillette jouait sur fond de tulipes ; de la terrasse sur laquelle résonnèrent les pas de sa maman, on distinguait l’île de la Harpe dont le mystère attirait nageurs ou barques semi-abandonnées.
L’enfant entendit son prénom et se retourna au bord d’une moue contestataire mais la vue de sa tenue de danse la fit aussitôt changer d’humeur.

- Tu ne voudrais tout de même pas rater ton entrée en scène ? Fut-elle taquinée.

Le délicieux rire de Mélissa porta au-delà des fleurs, de l’arbre fruitier en bordure du muret, du vignoble de la Côte pour atteindre peut-être les traînées de ciel foncées par les montagnes.
Tout en s’apprêtant la petite rappela sa joie d’avoir eu le rôle principal pour papillonner jusqu’à la Volvo. Sur le siège à côté d’elle elle installa son sac de danse et son porte-bonheur lapin.

- Papa nous rejoint ?
- Directement du travail.

Avant de démarrer sa mère lui sourit dans le rétroviseur en murmurant :
- En avant pour la gloire !

Justement pour entendre à nouveau ce rire …

 

Heure matinée

Petit creuxÔ le nullos !

Encore un qui ne savait pas entrer sur une autoroute !
Cet abruti avait attendu le dernier moment alors qu’il aurait dû s’infiltrer bien avant au risque de percuter Marcia qui avait dû freiner comme une malade.
Elle tapota son volant d’un air satisfait.
On ne la faisait cependant pas à sa Monteverdi, réactive à souhait sous ses mains expertes.
Elle prit un fruit dans le sac posé sur le siège passager et croqua dedans, la saveur lui faisant fermer les yeux quelques secondes.
Allez !
Elle allait en remettre quelques-uns à leur place !

Elle accéléra histoire de moucher l’autre plouc en dépassant tous ces gros culs de camion.
Marcia serait la première à sortir sur Allaman.

 

Heure matinée

Au volantIl était tellement fatigué.
Ses paupières se fermaient maintenant à intervalles réguliers faisant dodeliner sa tête.
Mais toujours Étienne se redressait ;
c’est qu’il avait du métier dans le transport !
Ce n’était pas quatre malheureuses heures de sommeil qui allaient lui barrer l’autoroute.
Le camion tangua.
Oups !
Il ne l’avait pas vue celle-là !
Une bagnole plate comme une limande avec son capot de tapir. Forcément !
Mais bon comme d’habitude il avait habilement manoeuvré.
C’est-y pas bibi l’as du volant ?

C’est là qu’une roue vola devant lui.

 

Heure matinée

La roue s’était détachée d’une vieille Citroën pour s’élever dans les airs, passer devant le pare-brise du camion et se ficher dans celui d’une Volvo roulant paisiblement sur la voie en sens inverse.
Dès l’impact la conductrice était morte abandonnant la voiture à une série de tonneaux qui se chargèrent d’achever la petite passagère à l’arrière.
Le camion déséquilibré par son coup de volant s’était rabattu sur la citroën propulsée violemment dans la Peugeot juste devant pour la survoler et s’écraser sur la glissière de sécurité ; la Peugeot avait été à son tour déportée vers une Monteverdi en train de doubler et que le choc fit slalomer pour être ensuite rabattue sur le camion en parcours final : le deuxième avait enfoncé la première dans la rambarde du terre-plein central.

Le bulletin d’information de 12h00 dans sa hâte de partager, ne donna qu’un décompte approximatif des victimes.

 

Parfois
Dans un accès de colère froide
la vie tombait sur vous
au hasard

la raison s’en trouvant - fallait-il espérer - au-delà d’elle.

 

Photo de couverture et illustrations : Chantal Perrin Verdier
Heures numériques : réalisées sur Font meme - Opti Calculator

 

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