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FRISSONS
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Published Oct 29, 2021 Updated Mar 6, 2024 Horror
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En plein dans le coeur !
Qui battait à lui faire péter la tête
En écho à la sonnerie du téléphone - portable.
Qu’est-ce qui lui avait pris de choisir cette imitation de rythme cardiaque ?

À l’affût du réveil sa main alluma directement l’écran : 3h00
DU MATIN !!!
Il y avait intérêt à ce qu’il y ait urgence vu les insomnies qu’elle se trimballait.

- Allo ?
- Bonjour Maude !
Dixit une voix de bébé robot, image vraisemblablement issue d’un esprit endormi.

- Aimes-tu les chaussures ?
- Pardon ?
- Tu fais du 39. Aimes-tu les chaussures ?
- Mais qui êtes-vous ?
- Je m’appelle Namius. Aimes-tu les chaussures ?

Elle raccrocha.

N’importe quoi !

Le téléphone retentit à nouveau dans la chambre.

- Bonjour Maude ! Aimes-tu les chaussures ?
- …
- Tu fais du 39. Aimes-tu les chaussures ?

- Ça suffit maintenant !

- Bébé, laisse tomber, c’est une arnaque.
Cheveux en brousse Harold essayait de la regarder sans toutefois y parvenir et se rallongea pour ronfler. Elle obéit à cette injonction préférant éteindre le portable que d’habitude d’ailleurs elle ne laissait pas allumé la nuit. Du coup évidemment comme elle avait tiré la mauvaise étoile, elle attirait le mauvais numéro ! Étrangement elle réussit à se rendormir jusqu’au beau matin qui lui fit tout oublier.
Le week-end promettait d'être agréable car ils avaient prévu d’entamer la partie du Sentier des Toblerones qui redémarrait de Gland où en amoureux Harold et elle marchaient maintenant côte à côte ; partie aussi colonisée par la végétation que les fortifications qui la longeaient. Par moments le feuillage s’espaçait cédant de son terrain au soleil ou à l’urbanisme proche ne régurgitant que quelques touffes d’herbe.
Ils avaient passé les Villas Rose et Verte lesquelles si on n’y prêtait attention, pouvaient faire illusion de demeure alors qu’elles avaient servi de camouflage aux fortins : c’était amusant de pouvoir les identifier quand tant de fois ils les avaient ignorées.
En cette saison pervenches, scilles, violettes, anémones et ail d’ours agrémentaient la balade. Ils réussirent à ne pas en cueillir plus souvent retenus par le regard des randonneurs croisés que par souci d’écologie.
Le soir aussi fatigué qu’eux leur permit de dormir sans bruit ni alarme, le téléphone ayant soigneusement été éteint ; cependant malgré la précaution une sonnerie lointaine persistait à s’insinuer dans le sommeil de Maude.
À l’allumage le lendemain un appel en absence pointait son 1 sur le fond vert du combiné. Elle l’effaça en essayant d’ignorer les chiffres.

Il lui fallut attendre le jeudi qui réunissait ses anciennes copines de fac pour avoir quelques lumières sur son affaire. Elles se retrouvaient toujours aux Brasseurs autour d’une colonne de bière en se partageant des flammekueches pour se donner les dernières nouvelles. Maude en profita pour leur demander si elles connaissaient un numéro bizarre qui appelait les gens la nuit avec une voix artificielle.

- Oui je connais un pote qui a eu droit à un appel six fois de suite. On lui demandait s’il aimait les chaussures.
- Et alors ?
- Ben il a dit que non pour être tranquille alors qu’en fait c’est un fou de chaussures.
Ce qui engendra d’autres commentaires :
- C’est André ? Parce que si c’est lui, l’appel frise le foutage de …
- André ? Il aime les chaussures ?
- Ben forcément !
- Et vous savez comment on peut arrêter ce truc ? les recentra Maude au milieu des rires.
- Tu cherches un site sur internet où des gens se plaignent de numéros louches et tu laisses un commentaire. Comme ça tes harceleurs sont repérés.
- Si seulement je pouvais une seule fois dans ma vie être harcelée !
- Ne dis pas de connerie Mélanie ! C’est le genre de réflexion qui attire les ennuis.
- Je rigole !
sauf les autres jusqu’à ce que la colonne de bière aussi vite descendue que commandée leur fit retrouver leur gaieté.
La balade dans les ruelles piétonnes en fut ponctuée de blagues idiotes.

Le soir d’après Harold l’aida à chercher un site : ils en dénichèrent un regroupant une multitude de personnes en butte à des appels inconnus dont les numéros plus ou moins identiques étaient signalés.
Mais aucun ne stipulait celui qu’elle avait noté sur son agenda lui laissant au moment du coucher une sensation d’isolement que même les taquineries d’Harold n’effacèrent pas.

Puis
à 4h00
le rythme cardiaque s’éleva à nouveau.
Elle était cependant certaine d’avoir éteint son téléphone.
Elle ne put s’empêcher d’ouvrir la coque et de regarder l’écran sur lequel s’affichait le numéro
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Au bout de dix sonneries il s’arrêta enfin et elle ré-éteignit l’appareil.

En le rallumant au petit déjeuner, un bling lui annonça un message : elle alla sur WhatsApp et découvrit un contact inconnu que son pouce pressa par réflexe :

« Bonjour Maude. Ce n’est pas gentil d’avoir signalé mon numéro ».

Elle fixa le message qui même effacé puis bloqué plus tard par Harold - elle ne serait plus importunée - la heurta tel un front froid. 

Elle décida de changer de numéro malgré l’inconfort de devoir prévenir ses connaissances et autres administrations ; ce qui n’atténua en rien la satisfaction qu’elle en retira.

Une semaine puis deux enfin des mois de tranquillité chassèrent complètement de son esprit les coups de fil matinaux.
Décembre revint sans neige et sans bise, raillant involontairement les vitrines parsemées de flocons ou décorées de dessins en dentelle.
Elle parvint à sortir un manteau un peu plus chaud dans la dernière quinzaine, nostalgique des descentes de luge qu’elle exécutait autrefois avec l’exubérance de l’enfance dans la rue derrière chez elle.
Comme ils avaient inventé la coutume de s’offrir un Noël avec quelques intimes avant les fêtes officielles, elle cacha pour Harold une montre CFF dont l’écran rappelait l’horloge sur les quais des gares et Harold camoufla le nouveau modèle sorti chez XXX du super SmartPhone YYY. Une soirée au champagne fit surgir les présents que chacun apprécia comme il se doit : on s’exclama, on s’esclaffa et on salua la générosité de tous.

- Tu sais, on a hésité sur le modèle avec Harold et les autres mais on s’est dit que du moment qu’aucun barjot ne te réveillerait plus, tout te plairait ! Maintenant fais gaffe je peux prendre le relai !

La plaisanterie de Suzy fut noyée dans l’euphorie du moment puis effacée quand une fois seuls et épuisés Harold et Maude s’endormirent l’un sur l’autre dans le salon.
Furent oubliés papiers cadeaux montre et téléphone
Dont

Vers 3h00 du matin
la vibration la tira de sa torpeur.

Souffrant de ses libations donc sans vérifier la provenance de l’appel elle décrocha en ânonnant :
- Suzyyyyy … T’es pas drôle …

- Bonjour Maude. C’est Namius. Aimes-tu toujours autant les chaussures ?

Ce ne pouvait être Suzy parce que Maude, ayant oublié le prénom de son mystérieux interlocuteur, ne l’avait donné à quiconque.

 

Droïde peinture et penbrush

 

Photo de couverture et illustration dans le texte : Chantal Perrin Verdier

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