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Chapitre 3 : deuxième partie

Chapitre 3 : deuxième partie

Published Mar 20, 2023 Updated Mar 20, 2023 Culture
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Chapitre 3 : deuxième partie

Spinner se leva et se mit à marcher nerveusement. Les sourcils froncés. Le regard troublé. Le visage fermé.

Après de longues minutes de silence, il s’arrêta net. Il attrapa Raphaël par les épaules pour lui demander, d’une voix empreinte de crainte, le moment exact de ma transformation.

— Je n’en sais rien. Elle est morte deux ou trois heures après le crash. Pourquoi ?
— Y a-t-il eu un orage ? du feu ?

Spinner paraissait de plus en plus inquiet, son regard allant de Raphaël à moi, une lueur de folie dans les yeux.

— Euh… Oui, un éclair a foudroyé l’un des moteurs et déclenché un incendie, d’après ce que j’ai pu entendre. Pourquoi, Spinner ? Qu’est-ce qui se passe ?

Aucun des trois hommes ne faisait attention à moi. Ils me tournaient le dos et discutaient entre eux.

Il m’était si difficile de me concentrer sur leurs échanges. Et pour cause ! Je me sentais de plus en plus engourdie. J’avais la sensation de tanguer. La faim me dévorait les entrailles. Je n’avais qu’une obsession : me nourrir.

Sans en avoir conscience, je me jetai, telle une bête sauvage, sur Spinner et lui plantai mes crocs dans le cou. Un délicat nectar envahit ma bouche pour venir adoucir ma gorge endolorie par la soif. Quel bonheur ! Mon corps agissait de lui-même. Par réflexe. Par instinct de survie. J’en avais perdu tout contrôle. Devenant l’esclave de ce besoin si primaire.

Mes sens aux aguets, je perçus une puissance m’envelopper. Avant même d’avoir eu le temps de réagir, je fus projetée de l’autre côté de la pièce. Lorsque j’ouvris les yeux, je découvris Raphaël, devant moi. Me tenant par les épaules contre le mur froid, il attendait que je recouvre mes esprits. Que je reprenne le dessus sur le fauve qui s’était emparé de moi.

Du sang perlait de mes crocs. Une force inimaginable se répandait dans mes veines. Plus aucune fatigue. Plus aucun malaise. Comme si je m’étais abreuvée à une source de vie, d’énergie, provoquant en moi une jouissance sans pareille.

Et peu à peu, l’exaltation laissa place à la confusion. J’avais mordu mon hôte. Pour me nourrir. Pour boire son sang. Telle une bête féroce. Pourquoi ? Ce n’était pas moi. Cela ne me ressemblait pas. Jamais je n’avais été violente. Brutale.

Discrètement, honteuse, je scrutais autour de moi. Zack souriait, impressionné. Quant à Spinner, il arborait un masque de quiétude qui me surprit. Rien dans sa façon de se tenir, ni même dans son expression, ne laissait paraître une once de colère ou de douleur. Comme s’il ne s’était rien passé.

— Je suis désolée. Je ne voulais pas…

Les mots sortirent difficilement. J’étais bien trop embarrassée par cette situation, par mon geste incompréhensible.

— Ce n’est rien, mon enfant, me rassura Spinner.

Sa voix était délicate. Un air protecteur se dégageait de lui, comme s’il s’adressait à une jeune fille fragile. À une gamine sans défense. Comment pouvait-il être aussi gentil avec moi après ce que je venais de faire ?

— Il semblerait que tu sois effectivement un vampire, mais tu es très particulière. Et la différence effraie. Surtout, n’en parle pas. Sinon, les autres pourraient se sentir menacés et voudront te tuer.

Spinner avait prononcé ces derniers mots avec sérieux. Le visage fermé. Le sourire effacé. L’air absent et grave.

Il resta un bref instant sans rien dire, perdu dans ses pensées, avant de se diriger vers la bibliothèque contre le mur du couloir. Il fouilla et en sortit un parchemin poussiéreux, jauni par les années.

— Le voilà, marmonna-t-il après avoir soufflé dessus.

Il demeura immobile, contemplant avec respect sa trouvaille, avant de lever les yeux vers moi. Puis il s’approcha pour me donner le document, vieux de plusieurs siècles.

Il resta muet, impassible. Se contentant de me regarder fixement, attendant que je le lise.

Intriguée, je cassai le sceau de cire qui le maintenait et le déroulai délicatement. Je découvris un texte énigmatique. Un poème incompréhensible rédigé à la plume. Aucune signature. Seulement une écriture fine et régulière.

— La prophétie ? s’affola Raphaël.

Un silence pesant s’installa et personne n’osa le briser. Spinner m’observait. Une étincelle étrange illuminait son regard, comme s’il avait face à lui un objet d’une valeur inestimable.

— Si tu me le permets, je vais te raconter une histoire, reprit-il doucement.

Ses traits s’assombrirent, lui donnant brusquement l’air plus vieux, plus las. Comme s’il s’apprêtait à dévoiler un pénible secret. Il s’installa sur le sofa face à moi et commença son récit.

— Il y a de cela plusieurs siècles, je vivais sur Gallja. Une planète très similaire à la Terre. Magnifique. Débordante de vie. Différents peuples y cohabitaient, en paix.

La tristesse et la nostalgie le submergèrent. Il se renferma dans un lourd silence. Un silence sombre, presque glacial, néanmoins salutaire. Je me trouvais de nouveau seule avec mes pensées confuses, refusant de croire en ces paroles insensées.

Je me souvins alors des merveilleux tableaux qui ornaient les murs du couloir. Ces paysages féeriques, irréels, n’étaient autres que ceux de Gallja. Je brûlais d’envie de me lever pour aller les observer, les contempler, mais n’osais bouger. Le mutisme et le désespoir de Spinner provoquaient en moi un malaise paralysant.

Un sourire furtif se dessina sur son visage. Il me tendit la main pour me conduire devant l’une des peintures que j’avais aperçues avant de les rejoindre dans la grande salle. Elle représentait une fabuleuse cité perdue au milieu d’un gigantesque désert. Étincelante. Unique mot qui me vint pour la décrire. Taillée à même un cristal d’une pureté incomparable. Parsemée d’or et de toits aigue-marine.

— Aliaelis était l’une des plus belles cités de Gallja. Ma préférée, me confia Spinner. J’adorais me promener dans ces rues chantantes. Admirer les milliers d’arcs-en-ciel qui apparaissaient au lever du jour…
— Depuis quand n’avez-vous pas revu Gallja ? soufflai-je.
— Bien trop longtemps. Je suis un Gardien. Une espèce à part entière, plus forte et combative que les autres Galljaelis. Mais nous avons failli. Nous devions protéger notre planète de l’obscurité, mais nous n’étions pas préparés à l’affronter.

Spinner fut secoué par un frisson interminable. Il se tourna vers une deuxième toile, des milliers de regrets lisibles dans ses yeux.

Hypnotique. Irréelle. Voilà tout ce que je pouvais en dire. Incapable de mettre un nom sur ce que je regardais. Au cœur d’une forêt luxuriante était dessinée une silhouette fantomatique. Elle flottait entre les arbres et était d’un blanc flamboyant. Presque vivant.

— N’est-ce pas ? me demanda Spinner. Une des failles apparues sur Gallja, peu de temps avant notre fuite, donnant sur d’autres mondes. D’autres univers. Nous pensions que c’était là notre chance d’explorer les différentes galaxies.
« Mais nous avions tort. Nous avons été séduits par leur beauté, oubliant le danger auquel elles pouvaient nous exposer. Oubliant qu’elles étaient autant de portes vers le mal.

Il me montra ensuite une scène épouvantable. Des bêtes monstrueuses, aux gueules béantes desquelles s’écoulait un liquide sombre, transformaient leurs victimes en créatures abominables. Elles étaient comme dépossédées de leur âme. De leur corps. Telles des marionnettes s’attaquant aux autres Gardiens.

— Nombre d’entre nous furent empoisonnés par le besoin de pouvoir. L’obscurité nous a pervertis et nous a détruits. Bien sûr, il s’agit d’une liberté de l’artiste. Les Gardiens corrompus ne ressemblent pas à des monstres ni à des morts-vivants. Ils sont comme toi et moi : totalement conscients et libres de leurs faits et gestes, mais gangrénés par cette matière gluante et charbonneuse qui coulait dans leurs veines.
« Des créatures horribles, semblables à celles sur cette toile, ont peu à peu envahi Gallja. Elles jouaient avec nos émotions, semant le doute et la noirceur. Des guerres ont éclaté entre et même au sein des territoires.

Une larme d’une couleur rose pâle perla le long de sa joue.

— L’obscurité n’avait aucun effet sur quelques Gardiens seulement. Ils étaient comme immunisés. Je ne saurais l’expliquer. Nous avons décidé de sauver les plus jeunes des différents peuples, encore trop innocents pour sombrer dans la folie, et avons franchi la faille menant à votre planète.

Spinner retourna dans la grande salle et se dirigea vers le bar. Il se servit un verre de scotch et, comme pour se donner du courage, le but d’une traite. Il vint ensuite s’asseoir et m’invita à faire de même, avant de poursuivre.

— À notre arrivée, nous avons été accueillis par des magiciennes. Elles paraissaient très inquiètes, mais prirent tout de même soin des enfants que nous avions réussi à sauver.
« Curieusement, nos deux langages étaient très proches. Il a été assez simple de nous comprendre. Cela nous a permis de leur conter notre histoire. Elles nous ont écoutés avec intérêt et ont accepté que nous nous installions sur Terre. À condition de nous cacher des humains !
« Nous nous sommes séparés en plusieurs groupes, un pour chaque peuple. Nous nous devions de les aider à refonder leur communauté sur cette nouvelle planète. Loin des yeux de ses habitants.
« Certains d’entre nous restèrent parmi les magiciennes pour surveiller et défendre la faille, jusqu’à ce que l’on découvre le moyen de la fermer. Mais l’obscurité avait tout de même réussi à s’infiltrer sur Terre, prenant des formes étranges. Elle a corrompu le cœur de certains hommes, comme celui d’autres créatures.
« Vos mythes et légendes sont fondés sur des vérités : loups-garous, vampires, magiciennes, fées…, ils existent tous. Cependant, un équilibre perdure. Et nous, Gardiens et magiciennes, avons créé le groupe des chasseurs obscurs pour tenter de le maintenir.

 

Texte de L. S. Martins. 

Vous avez aimé ? Retrouver mon livre en version poche ou ebook sur Le réveil de Gallja 1- La naissance de Tinùviel de L. S. Martins (publishroom.com)

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