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Chapitre 2 - Première partie 

Chapitre 2 - Première partie 

Published Jan 13, 2023 Updated Jan 13, 2023 Culture
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Chapitre 2 - Première partie 

Mon réveil fut particulièrement pénible. Une sensation abominable de brûlure avait envahi mes poumons. L’air ambiant était tel de l’acide, m’arrachant un râle de douleur à chacune de mes inspirations. J’étais confuse, mais des bribes de souvenirs me revenaient progressivement : les histoires d’Al, le Triangle des Bermudes, la tempête, le crash… Et enfin, le baiser glacé de la mort qui m’avait laissé un goût étrange sur la langue et un agréable sentiment de paix.
 
Alors, pour quelle raison étais-je encore en vie ?
 
Mes yeux mirent du temps à s’adapter à la pénombre de la nuit, mais je pus rapidement discerner des formes, dont l’ombre de mon avion à plusieurs mètres. Quant à moi, j’avais trouvé refuge, je ne sais comment, sous les racines noueuses d’un arbre gigantesque, allongée sur ce sol poisseux. Une odeur de sang flottait dans l’air et l’humidité ambiante imprégnait mes vêtements qui me collaient à la peau. J’avais si froid et mon corps meurtri me faisait terriblement mal.
 
J’étais désespérée. Seule. Perdue sur une île mystérieuse au beau milieu de l’océan Atlantique. Al ferait certainement tout pour me retrouver, mais il me semblait peu probable qu’il y arrive. Il fallait que j’agisse. Que je trouve de l’aide. Mais le moindre mouvement me demandait un effort colossal. Après de longues minutes, je réussis enfin à me redresser, non sans peine ni sans un cri de douleur.
 
Sous les pâles rayons de la Lune, j’aperçus soudain mes mains tremblantes et sanglantes. À qui pouvait appartenir ce sang ? À moi ? Non, je n’avais pas une égratignure. Aucune. Et cette souffrance atroce lors du crash ? Ce morceau de métal figé dans mon abdomen ? Je ne les avais pas inventés.
 
Mon regard se posa sur le dernier indice qui me donna raison : un bout de carlingue rouge et poisseux. Je n’étais pas folle. Tout cela était bel et bien réel.
 
S’il s’agissait d’une farce de cette garce de Faucheuse, ce n’était pas amusant. Je ne croyais pas à ces inepties de paradis et d’enfer. La Terre abrite un monde noir empli de vices, de mort et de cruauté. Le peu de naïveté et de bonté ne suffirait pas à racheter l’horreur de la guerre, des meurtres et d’autres atrocités dont est capable le genre humain. Et ces religions ne sont qu’illusion : une promesse d’éden en échange d’une simple confession ; la garantie de vous absoudre de vos péchés - même les plus terribles -, de tout vous pardonner. À quoi bon vouloir éviter l’enfer si tout le monde acquiert sa place au paradis ?
 
Malgré tout, j’éprouvais l’étrange certitude que la mort n’était pas une finalité, qu’autre chose nous attendait au-delà. J’avais cru entrevoir mes parents après leur décès, et ce, à de nombreuses reprises. Ils étaient là, quelque part, à veiller sur moi.
 
Al avait raison. Le Triangle était maudit. Je ne l’avais pas pris au sérieux. Et maintenant, je ne le reverrais plus. À cette pensée, une profonde tristesse me submergea. C’était donc ça, la vie après la mort. Être condamnée à errer éternellement, invisible, à travers ce monde. Quelle chance ! Mais étais-je réellement décédée ? Après tout, je pouvais ressentir chaque parcelle de mon corps meurtri.
 
Bien décidée à me prouver que j’étais encore en vie, je pris appui sur les racines qui m’entouraient et entrepris de sortir de mon abri de fortune. Les jambes flageolantes, je me libérai enfin de cette prison de bois pour me diriger vers l’épave de mon avion. Chaque pas était un véritable supplice, mais, paradoxalement, me redonnait un peu d’espoir. Non pas par pur masochisme, simplement parce que cette douleur me confirmait une chose : j’étais bel et bien vivante !
 
Le Liberty se dressait fièrement devant moi : l’aile gauche déchiquetée, la droite manquante, le cockpit criblé de verre. La carlingue avait été déchirée à plusieurs endroits. Il était dans un piteux état. Plus jamais il ne volerait. C’était l’unique certitude que j’avais. Mais il pouvait me servir de refuge. Et qui sait, avec un peu de chance, abriter quelques instruments intacts.
 
J’essayai, non sans difficulté, de prendre place dans le fauteuil du pilote. Quelle folie de croire que ma radio serait encore fonctionnelle. Tout était HS. Le siège sur lequel je m’étais écroulée était l’unique survivant de cette catastrophe.
 
Je fis un bref état des lieux avant de me lever et de me diriger vers l’arrière. Seuls l’espoir et la curiosité faisaient que je ne m’effondrais pas. L’espoir de trouver un moyen de contacter Al. La curiosité pour cette mystérieuse cargaison. Celle-là même qui m’avait menée à ma perte. Quelle idiote ! Accepter de telles conditions d’un parfait inconnu, sous prétexte qu’il payait bien. J’aurais dû écouter Al et les prendre plus au sérieux, lui et ses stupides superstitions.
 
À ma grande stupéfaction, je découvris la caisse de transport à peine abîmée, ouverte, posée sur ce qu’il restait du sol. Tant de contraintes et de mystères pour un unique coffre, cela n’augurait rien de bon. Probablement des armes ou des objets de contrebande.
 
En m’approchant un peu plus, je remarquai qu’elle renfermait une énorme malle métallique. Sur le dessus, une inscription dans une langue étrangère  ̶ je crus reconnaître l’alphabet arabe, mais sans conviction  ̶ accompagnée d’un pictogramme signalant un produit dangereux.
 
Le plus étonnant était qu’elle m’appelait. M’attirait. Je ne pus m’empêcher de la caresser du bout des doigts. Un geste que je regrettai aussitôt. Une décharge électrique me brûla la main, me repoussant contre la carlingue déchirée. L’air se fit plus lourd, presque menaçant. Suffocant. Je reculai, effrayée, cherchant à comprendre ce qu’il se passait, quel malheur allait s’abattre sur moi. Mais rien. Il n’y eut absolument rien. Pourtant, je ressentais un besoin irrépressible de m’éloigner de cette caisse étrange.
 
Dans ma fuite, je découvris mon sac pris dans un morceau de métal, près de ma mystérieuse cargaison. Inimaginable ! Je me précipitai pour le récupérer, arrachant dans ma hâte l’une des bretelles, avant de retourner dans le cockpit pour vérifier son contenu.
 
Il y avait des rations, des cartes, une trousse de soins et le téléphone satellite qu’Al m’avait donné. C’était inouï ! Mais mon espoir fut de bien courte durée. Il avait reçu un coup lors du crash et refusait de s’allumer.
 
Épuisée et découragée, je me laissai tomber sur le fauteuil et attrapai une barre chocolatée. Je mourais de faim. Les mains tremblantes, je déchiquetai l’emballage et mordis dans cet encas avec envie. Enfin une chose positive. Le réconfort dont j’avais besoin.Beurk !
 
Un goût abject envahit mes papilles et me brûla la gorge. Je fus ensuite prise de convulsions. Mon corps se contracta comme pour évacuer du poison et je finis par vomir la mince bouchée que je venais à peine d’avaler. Un frisson me secoua violemment malgré la chaleur étouffante. L’air se fit de plus en plus lourd, accentuant ce sentiment de malaise qui n’avait cessé de me tourmenter depuis mon réveil. Une énergie mystique électrisait les lieux en un bourdonnement assourdissant.
 
Prise de panique, je me levai, non sans difficulté, pour observer tout autour de moi. Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’étais totalement impuissante face à ce changement incompréhensible d’atmosphère. Incompréhensible et inquiétant.
 
 
 
 
 
 
 
 

 

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