souvenirs de l’enfant préféré
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souvenirs de l’enfant préféré
La lecture de l’article « L’enfant préféré, un dilemme familial » dans Cerveau&Psycho n° 163 de ce mois de mars 2024 me fait remonter des souvenirs spécifiques.
Je devais avoir 7 ans, c’était la fin du repas de midi, en famille. Il était question de s’occuper de mon frère jumeau et moi, pendant la petite demi-heure de sieste de mes parents. C’était en milieu de semaine, nous habitions tout prés des écoles et collèges, mes parents y étaient enseignants et toute la famille rentrait manger à midi dans la maison. Les « gardiens » des jumeaux : mon frère aîné et ma sœur aînée. Il y avait eu une habitude de séparer les jumeaux pour qu’ils soient moins « turbulents ». Et ce jour là, mon frère et ma sœur aînés se disputent un peu en disant : c’est ton tour de prendre Bruno aujourd’hui…
Je me suis senti rejeté, sans comprendre pourquoi, je m’entendais bien avec mon frère jumeau, je ne voyais pas de différence fondamentale dans nos comportements. Je me souviens avoir fondu en larmes et demandé des explications, et mes parents m’ont consolé, si simplement que je ne me souviens plus des arguments exposés. Et cela ne s’est jamais reproduit, sans doute les aînés avaient quand même ressenti un peu de gêne, sans le dire (mon frère avait 13 ans, ma sœur 10 ans).
Bien plus tard, un tout autre contexte, un peu dans l’autre sens qu’aborde aussi l’article. J’avais 23 ans, mon père était gravement malade et hospitalisé pendant de longs mois. Ma mère passait ses journées à l’hôpital. Je passais les voir au moins un jour sur deux, en fin de journée après mon travail. Nous avions tous un travail, et je me souviens que mes frères et sœur passaient moins souvent que moi. Il faut reconnaître que la situation était franchement oppressante. Je pense que seulement au bout d’un mois, quand j’arrivais, mes parents disaient assez fort pour que je l’entende :« voila le fidèle ». J’étais plus gêné que fier de cette comparaison avec mes frères et sœur. Je savais qu’ils n’avaient pas exactement les mêmes conditions d’organisation que moi et je leur trouvais des excuses valables, mais je n’ai jamais fait une quelconque allusion, je ne voulais pas polémiquer et je laissais surtout mes parents dans leur appréciation personnelle, sans montrer aucun jugement qui aurait pu les peiner.
Je pense que « l’enfant préféré » est beaucoup plus préjudiciable quand les enfants sont devenus adultes plutôt que quand ils sont ados.
Vive les fratries, je plains les enfants uniques. Car, de ces expériences enfouies profondément mais marquantes car non oubliés, je dirais qu’elles ont contribué à une évolution saine de la famille (personne n’est devenu fou ou très perturbé).
Bruno
Odette Charlier 7 months ago
on devrait toujours pouvoir se dire que l'enfant aimé est toujours l'enfant préféré quelle que soit sa place dans la fratrie. Mais quoiqu'on fasse ,un enfant ne comprend pas toujours qu'il est aimé comme les autres. Les ressentis et les sentiments sont parfois si difficiles à exprimer.